Passé la cinquantaine, force est de constater que la vie change. Nos corps vieillissent, nos enfants grandissent et quittent le nid, nos parents s'affaiblissent ou quittent notre monde.
Après avoir vu les autres aider et soutenir de leur mieux leurs proches dans la maladie ou agonie, c'est à mon tour d'endosser ce rôle ô combien difficile : celui de l'aidant.
Je l'ai découvert pour mes deux parents, les accompagner du mieux que je pouvais pendant leur agonie, et ce jusqu'à leur départ. Lorsqu'on est aidant, on n'a souvent qu'une envie, aider l'autre, quoi de plus logique ! Etre à son chevet, être aux petits soins, partager le fardeau, le soulager, l'aider à sortir de sa maladie, bref jouer un rôle actif.Mais dans certains cas, la maladie est terrée de façon tellement sournoise au creux du cerveau, que la seule façon de pouvoir aider son proche est au contraire de renoncer à cette aide active, s'effacer pour ménager son aidé, patienter, et vivre de façon agile en profitant des instant fugaces malgré toutes les incertitudes et les volte faces que génèrent un cerveau convalescent. Frustration intense, moi qui aime être au cœur de l'action et pouvoir me projeter dans des certitudes.
Aujourd'hui j'apprends qu'être une bonne aidante commence par s'aider soi-même à rester forte pour son aimé : se protéger de ses déceptions personnelles et du déni de la maladie, accompagner son deuil de l'insouciance d'avant, faire fi des incertitudes et puiser la force partout où on la trouve pour garder le cap pour ce chemin inconnu.
Aider les autres peut commencer par soi-même.
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