Quelle belle journée !!!

Samedi 8 avril, quelque part en Normandie.

Ce matin, un peu avant midi, j'ai eu la chance d'être la témoin privilégiée du baptême de mon filleul, Adrien-Preetham.

Je le rappelle pour les distraits, qu'il s'agit du plus bo p'tit gars de la galaxie (ex aecquo avec Nishal bien-sûr)... Il était rayonnant dans son splendide ensemble aux tons beige, et grave, voire même solemnel pendant toute la messe. Avec Scarlett, nous avions beau tenter toutes les grimaces et amuseries en tout genre pour lui arracher une esquisse de sourire, rien à faire, il était de marbre, et suivait religieusement (!!) la messe de son baptême. Celà m'impressione toujours de voir comment nos petits bouts restent sage pendant ces longues messes. Ils comprennent qu'il s'agit d'une étape importante de leur vie, et sont en conséquent sages comme des images...

Bon, revenons à la messe de baptême. Je vais vous la raconter "à la Moushette". En s'attardant sur le croustillant et la guimauve...

Première étape, notre débarquement et notre installation dans l'église. Pas simple lorsqu'il y a 9 communions et 2 baptêmes de faire plaisir à toutes les familles... Le curé fait le service d'ordre, je me retrouve devant avec zeu parrain, Preethou et sa maman. Et, ah oui, bien sûr ma moitié, Miss Scarlett collée à moi comme une sangsue, en train de se tranformer en état liquide voire gazeux tellement qu'elle regressait de panique...

Bref, à peine une demi fesse posée sur le banc, nous voici agressés par une dame et son petit livret. "Y -a-t-il quelqu'un pour lire un texte pendant la messe ?". Réaction classique, chacun regarde ses chaussures, moi je réfléchis à simuler la femme absorbée dans une prière intense... Machinalement, je fais un décompte de mon banc . Scarlett et Preethou ne savent pas lire, il ne reste donc que la maman et le parrain. 1 chance sur 3, ca devrait aller. Mais zeu maman dit "moi je suis trop émotive", et le parrain dégaine aussitot un "moi aussi".

Et m..de. Trop tard pour apprendre en accéléré les bases du CP à Scarlett, je crois que je suis foutue... Je lance un timide "moi je veux bien", et la dame ravie me tend le livret. Je jette un coup d'oeil au texte, et vlan Scarlett donne un coup de coude dedans et le livret tombe par terre.

Panique.

J'ai perdu la page du texte. Et j'ai beau feuilleter le livret, je ne le retrouve pas. Et la messe vient de démarrer. Zeu marraine n'assure pas un gramme là, et ne la ramène pas trop.

Sauvée in extremis par la ptite dame qui vient à ma rescousse (pour me montrer une lecture radicalement différente de la premiere, elle s'était trompée la première fois !), je m'acharne à tenter à réviser pendant le début de messe.

Arrive l'heure de ma lecture. Gloups. Que faire de ma fille ? La poser sur le banc et générer des hurlements à en faire tomber le toit de l'église ? Ou se l'embarquer sous le bras vers le micro ?

Et me voici, le plus naturellement du monde, tenant d'une main une fille mi liquide, et de l'autre un livret aux pages volantes, avec des chaussures très, mais alors très instables au pied ("rate pas la marche....") me lançant vers le micro....

Lecture. Lentement, et disctinctement comme m'avait conseillé la dame. J'essaye de regarder de temps en temps l'assemblée (nombreuse...) pour me la jouer cool. Je regarde les gens sans les voir. C'est sûr, mon regard doit refléter l'intelligence. Surtout ne pas regarder les visages connus, je pourrais me mettre à pleurer.

Lecture finie. Je retourne à mon banc, sans me vautrer. Je constate que moi aussi je me liquéfie comme ma fille, mes jambes se sont subitement ramollies !!!

Bon, cette anecdote fondamentale contée, passons au vif du sujet. Le baptême. Le vrai, celui avec la flotte, parcequ'à la base on était tous venu pour ça.

Comme je vous le disais plus haut, Preethou suivait avec beaucoup d'attention le baptême. Mais ce n'était pas le cas de tout le monde.

Malheureusement.

Tout au début de la messe, le prètre fait un signe de croix sur le front des baptisés. Une personne que je n'ose nommer, vu son rôle maternel auprès du futur baptisé, me chuchote à l'oreille. "Ca y est, il a fini le baptême, il faut lui mettre sa robe blanche". Je regarde, surprise, ma voisine de banc, me demandant si elle me faisait un poisson avec 7 jours de retard ou si elle était prise d'une soudaine crise de folie. Je lui explique calmement que non, que c'était juste un signe de croix, mais malgré mes propos rassurants, tout les quarts d'heure j'entendais murmurer "je suis sûr qu'il a fini le baptême, il faut mettre la robe blanche".... Alors bon j'avais la pression, pasque la robe blanche, c'est mon travail de marraine ! Heureusement, heureusement, au bout de 30 minutes d'un suspens insoutenable, le curé a prononcé les mots magiques "je VAIS le baptiser". Ouuuuuuuuuuf, on n'a rien raté !!!!!

Arrive le fameux baptême, enfin l'eau bénite sur mon filleul. L'émotion me monte aux yeux et à la gorge, Adrien-Preetham s'exécute sans une larme, en grande confiance. Trop fort mon filleul ! J'envoie mes pensées et prières vers l'Inde, je sais que là bas Sister Aurelia prie pour lui...

Mon filleul est baptisé, je me sens toute légère ! Une sensation presque planante, je retrouve les émotions des baptêmes de mes deux enfants, j'exhulte, je respire...

Une fois la cérémonie religieuse terminée, ce n'est pas tout, mais il se fait faim ! Pour le plus grand bonheur des grands et petits, nous nous acheminons vers le "rotorant" comme dirait Scarlett pour nous remettre de nos émotions.... Nous passons une après midi remplie de bonne humeur, de rires et de jeux d'enfants, tout le monde profite à fond de cette belle journée, la compagnie est joyeuse. Je retiens les gestes d'affection de Scarlett envers Preethou. Elle l'a pris dans ses bras, l'a embrassé tendrement, lui a caressé le visage à plusieurs reprises avec des gestes si adultes et remplis de tendresse... Et lui se laissait faire, ses petites billes noires dansant de plaisir...

Ce soir je me coucherai avec qqchose de différent dans ma vie. Au fond d'une église, il y a un livret dans lequel il y a ma signature. Je suis maintenant officiellement une marraine (plus exactement un témoin car je ne suis pas catho), et je sais que lorsque je fermerai les yeux, j'aurai encore dans mes yeux les quenottes riantes de Preethou et les étincelles de complicité et de malice dans ses beaux yeux...