Depuis qqs jours, les journalistes nous bassinent avec les lettres de Mère Térésa dans lesquelles elle parlait de ses doutes vis-à-vis de la foi. Pas très élégant son confident, de balancer tout ça à la presse alors que sa canonisation est imminente.
Douter fait partie de la foi, on ne peut croire en Dieu, sans douter, réfléchir, remettre en cause qqchose dont on a aucune preuve tangible. Le doute fait partie de la vie des croyants, c'est le pas en arrière qui nous permet de faire deux pas en avant, voilà tout.
Et pas de quoi en faire un fromage de journaliste bigot !
Que ce soit pour notre foi ou pour les fondamentaux de notre vie, un jour ou l'autre, nous avons douté, nous doutons ou nous douterons. Pour moi c'est une signe d'intelligence, de prise de recul, comme regarder le négatif pour mieux comprendre la photo. Nous ne sommes pas lobotomisés par les évidences de nos vies sociales et professionnelles, il nous arrive aussi de douter des principes fondamentaux de notre structure sociale... Douter est prouve notre force, nous sommes capables de nous battre contre nous même et nos idées préconçues sécures, on abat tout les murs, et on reconstruit de nouveau.
Autour de moi les gens sont plein de doutes : ai-je choisi le bon compagnon pour passer le reste de ma vie, dois je continuer à travailler pour ne voir mes enfants que qqs heures par semaine, ai-je le courage de tout quitter pour démarrer une nouvelle vie ou entamer un projet audacieux, dois-je privilégier ma vie familiale ou mon confort matériel, suis-je un bon fils pour mon parent malade et seul...
Moi aussi je doute, je remets à plat toutes mes certitudes. Notamment en tant que bénévole dans l'adoption et en tant que bac+5 au foyer. Moi qui ai fait le choix de mettre en standby ma vie pro d'ingé pdt 4 ans, pour me consacrer aux enfants, ma famille et ma carrière de bénévole. Souvent je me dis que j'ai été dingue, que si j'avais retravaillé plus tôt, nous aurions pu partir cet hiver aux Maldives (maintenant que Scarlett peut avoir son passeport et voyager à l'inter) ou que je roulerais dans autre chose qu'un tas de tôles amochées. Mais non, malgré les sacrifices, je ne regrette rien, la vie nous a gâtée malgré tout, et tant pis, voire tant mieux que nous ayons pris des choix de vie atypiques en ce qui me concerne.
Jamais je n'aurais fait toutes ces rencontres et vécu ses aventures, jamais je n'aurais été autant en harmonie avec moi même et mon entourage, et je pense que mes enfants n'auraient pas été aussi heureux avec une maman au boulot qui court entre écoles courses et nounou....
Mais souvent un autre doute me prend, comme ça au détour d'une rue, en descendant d'un métro alors que je ne m'y attend pas du tout. Et si c'était n'importe quoi d'être bénévole pour l'adoption ???? Et si finalement les enfants devenus grands n'auraient qu'une envie, aller vivre dans le pays qui avant était le leur ? Et si finalement la vie en collectivité ce n'était pas si terrible que ça ? Et si ce couple ne serait pas capable d'aimer leur enfant ?
Ca me prend de temps en temps, je doute de tout. Mais j'en ai besoin, de douter car ça me permet de tout remettre à plat et de me rebooster pour continuer. Car les réponses à mes doutes sont bien évidentes et je les connais toutes par coeur... Quand on connaît le futur sans avenir glorieux des orphelins laissés sur le carreau, quand on voit comment les enfants se jettent dans les bras des parents sans l'ombre d'un regret de leur vie en orphelinat, quand on voit comment les enfants s'épanouissent, tout comme leurs parents, et comment ils sont aimés, gâtés et choyés par ces familles qui les ont attendu si longtemps avec tant de courage... Oui, ces réponses sont évidentes, mais régulièrement, je me force à écouter les activistes anti adoption inter pour tenter de voir si par hasard ils pourraient avoir de temps en temps raison.
Adopter et encore plus être un acteur volontaire dans une procédure d'adoption est un geste lourd de conséquences pour les familles, les enfants et le pays qui perd ses orphelins, et pour moi le doute me permet de me conforter dans mes choix de vie, et continuer à avancer sur le chemin qui est le mien.
Voici qqs citation de Mère Térésa que j'ai trouvé en cherchant la photo de ce post.
«Ce qui compte ce n'est pas ce que l'on donne, mais l'amour avec lequel on donne.»
«Si vous ne pouvez pas nourrir cent personnes, nourrissez-en au moins une.»
«Que pouvez-vous faire pour promouvoir la paix dans le monde ? Rentrer chez vous et aimer votre famille !»
«On ne fait pas de grandes choses, mais seulement des petites avec un amour immense.»
8 commentaires:
Pour moi qui suis agnostique, je trouve très injuste la façon dont la presse étale les doutes de Mère Thérésa, elle a prouvé chaque jour de sa vie qu'elle était une vraie catholique, enfin dans le sens où je l'entends... en aimant et en aidant son prochain...
cette femme a une une belle vie et pour moi c'est une sainte...
merci Moushette pour ce joli post très spirituel
J'aime beaucoup ce que tu écris, Moushette. En ce qui me concerne, je dirais même que le doute fait partie intégrante de la foi. Et puis, être chrétien, c'est avant tout agir en chrétien, comme le dit Géraldine, et je dirais même agir en humain, et voir l'humain en l'autre. Je suppose d'ailleurs qu'on pourrait en dire autant des autres religions.
Ses doutes grandissent Mère Térésa plus qu'ils n'entament l'image que je garde d'elle.
Et merci Moushette de nous faire réfléchir de temps en temps, en plus de nous faire rire !
Eva
Pour moi, la foi est du registre de l'intuition (plus ou moins forte en fonction des individus) et non de la certitude.
"Une certitude n'est souvent qu'un manque d'imagination"
Edward de Bono
De nombreux grands mystiques ont connu cette "dark night of de soul" ou nuit de l'esprit (Jean de la Croix, Thérèse de Lisieux...) et je trouve que leur foi (du latin fides : confiance, fidélité) en sort grandie!
Merci pour ce partage des doutes par rapport à l'adoption; ils m'habitent aussi parfois.
Anne
Gérldine et Eva, Je suis contente que mon post vous ait plu, comme quoi lire Moushette ca peut plus faire reflechir qu'on bon Voici ;-) (oh j'rigole hein !!).
Anne,
Merci à toi aussi et pour cette jolie citation de de Bono. Je ne crois pas qu'on se connaisse, quelle est ta relation avec l'adoption ? Adopteuse, bénévole ?
Moushette,
On s'est déjà croisées sur le forum esprit inde et peut-être qu'on se retrouvera par ton OAA...
Anne (de Mulhouse)
Anne, je pense avoir deviné !
oh la la, le mot doute a réveillé bien des choses et cette petite phrase concernant l'adoption : est ce que ces parents aimeront cet enfant ?
Eh oui, c'est une des premières questions que nous nous sommes posées avec mon mari lorsque nous avons décidé d'adopter. Pourra t-on aimer autant cet enfant que nos enfants biologiques" et nous nous la posons toujours .../...
En fait, depuis que nous savons que nous avons une petite fille, elle est présente au quotidien dans notre vie, nous pensons à elle, nous préparons un gateau avec les garcons pour son anniv, nos coeurs s'emballent quand on voit sa photo .... mais je ne trouve pas cela simple et la réaction d'amis qui sont dans la même situation que nous me fait douter.
Lorsque j'étais enceinte, tout le monde me disait, tu verras c'est génial lorsque l'on pose ton enfant sur ton ventre, tu vas ressentir un flot d'amour, c'est inné .... et bien non,d'abord j'avais mal partout et c'était un petit garçon que je ne connaissais pas . Bon d'accord, je ne serais pas honnête si je vous disais que je n'ai ressenti aucune emotion mais ce n'était pas de l'amour, c'était tout chaud, tout doux, c'était à nous, mais je ne l'ai pas aimé de manière spontanée. Par contre, au fil des jours, des mois, des années mon amour a grandi et grandi toujours, nous avons fait connaissance, nos avons partagé des instants de bonheur, de galère et maintenant gare à celui qui osera toucher un seul de ses cheveux. Notre amour s'est construit et est de plus en plus fort chaque jour
et puis notre petit deuxième est arrivé et là encore des moments de doute quand à ma "normalité", je ne l'aimais pas comme notre premier, l'amour entre nous se construisait autrement, c'était plus long, plus frustrant... et puis les jours, les mois, les années se sont écoulés et vous ne toucherez pas non plus à un seul de ses cheveux. Mais je l'aime différemment car il différent de son frère et nous ne partageons pas les mêmes émotions, les mêmes moments de plaisir ...nous ne pouvons pas quantifier l'amour, je l'aime plus, je l'aime moins ???? Je l'aime un point c'est tout;
Tout ça pour revenir à notre petite fille qui ne va pas tarder à partager notre vie et tout ça nous remplit de joie mais je dois dire que je me suis résignée à attendre, à apprendre à la connaître, à partager des choses avec elle, de connaitre ses réactions... c'est peut être plus sain finalement de ne pas trop idéaliser notre amour. je ne sais pas quelle sera ma réaction quand je la verrais, ni la sienne d'ailleurs, je sais juste que j'ai encore de la place dans mon coeur pour l'acceuillir mais savoir si je l'aimerais autant que mes 2 caîds ou plus...je n'en sais rien, chacun aura une palce particulière dans mon coeur....
Je me sens mal à l'aise vis à vis de ça car depuis que nous savons que nous avons notre petite fille, je n'ai pas pleuré de joie, je n'ai pas sauté de joie, je n'ai pas laissé mes émotions exploser et je me sens seule car justement nos amis qui vont adopter sont dans une telle attente, moi je sais juste que cela va se faire, j'ai confiance, je sais aussi pour avoir déjà été en Inde qu'il faut être patient et qu'il faut franchir les étapes une à une et faire confiance aux gens, et voilà c'est reparti je parle comme si c'était un simple dossier administratif mais je n'arrive pas à extérioriser mes sentiments. Nous n'avons pas tapissé la maison de photos (faut dire nous n'en avons qu'une!), je ne parle pas que de l'adoption, je ne pense pas tous les jours,mais qu'est ce qu'ils foutent !!!!!!,je ne regarde pas les délais qui sont indiqués à titre indicatif d'ailleurs je crois que j'ai vraiment confiance et je garde toute mon énergie pour sa venue.
Que de questions, de doutes... et je crois que je ne suis pas au bout de mes peines car avec des enfants, c'est tous les jours que l'on doute, alors avec un de plus !!!!!
Pounette,
Ce qui est rassurant avec l'adoption, c'est qu'on se pose les même questions que n'importe quel parent, "vais-je aimer mon nouvel enfant...".
Je constate que souvent, à la venue de l'enfant, les parents ont plutot tendance a s'en occuper plus que des enfant bios, car au début on a envie de le protéger, de compenser par rapport à ce qu'il a vécu, les déchirures, les souffrances éventuelles, les angoisses d'être réabandonné... Par la suite, avec le temps, les choses se reequilibrent, et tout revient en place.
Chez moi l'amour s'est construit progressivement, les premiers temps c'était de l'admiration devant mes enfants aussi beaux et de la protection pour tenter de calmer les angoisses. Il m'a fallu qqs semaines pour chacun pour leur dire "je t'aime", car pour moi l'amour n'est pas une question de coup de foudre et il faut du temps pour dire ces mots. De la même facon, bcp de mamans d'enfants bios ont besoin de temps pour se sentir mere de leur enfant nourrisson qui soit hurle, soit tete, soit chie, soit dort... Je comprends que ça doit être loin d'être simple d'aimer un bb qui a la collique et qui ne fait pas ses nuits ! Au moins avec l'adoption, il y a immédiatement une interaction un peu plus intéressante, ce qui facilite l'attachement...
Je crois qu'on a chacun son propre rythme par rapport à ça, qu'il ne faut surtout pas comparer avec les autres et rester honnête avec soi même. Mais nos enfants sont des magiciens, ils savent se faire aimer, alors je n'ai aucune crainte de ce côté avec votre fille !
je crois que la premiere caracteristique des "bons parents", c'est de se prendre la tête, alors rassurez vous, vos inquiétudes sont légitimes, et finalement.... très saines !!!!
Je vous souhaite une excellente rencontre avec votre puce, tenez moi au courant !
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