jeudi 23 septembre 2010

Si j'avais des armoiries ...

Lorsqu'on est bénévole dans l'adoption, de surcroit lorsqu'on travaille avec un pays aux dossiers rares, difficiles et aléatoires point de vue gestion, bien souvent on en a marre, et on a envie de jeter l'éponge.

D'abord parce qu'on se demande égoïstement pourquoi on nage à contre-courant de la majorité des humains, matérialistes, carrieristes et raisonnables eux, dans leurs choix personnels.

Ensuite, lorsque l'on se prend en permanence des bûches dans les pattes pour nous empêcher de faire convenablement notre travail, ici en France ou là bas en Inde, il y a comme un certain ras le bol qui s'accumule et fait déborder le trop-plein. Certaines bûches sont plus douloureuses que d'autres à mon goût, particulièrement les françaises que je juge plus  faux-cul  hypocrites que les indiennes. Mais ça, j'en parlerai sans doute dans un autre billet.

Et toujours, dans ces moments de doute, il y a les paroles de la vieille directrice de cet orpheu de Calcutta qui me reviennent dans les oreilles,  qu'elle avait prononcé alors que nous évoquions ensemble avec philosophie et fatalité la marée de galères et de scandales en tous genres. Elle avait conclu de cette façon :
"the little that we can do for a few kids, let's do it the best we can, since it is always better than nothing."

Si j'étais chevalière avec un bouclier portant mes armoiries, voilà la phrase que je mettrais dessus pour symboliser notre acharnement. Chaque enfant vaut la peine de cette lutte, car je sais trop bien ce que réserve l'Inde à ceux qui n'ont pas eu la chance de d'être protégés par une famille, une fois adulte. Et même si nos efforts correspondent au  tiers du quart du cinquième du centième des efforts d'un OAA capable de "faire" une cinquantaine d'adoptions à l'année les doigts dans le nez avec un pays fiable et qui dépote, qu'importe. Un enfant adopté est une victoire, and it is always better than nothing et ça aura valu tous nos efforts.

C'est drôle, j'ai cité cette phrase dans un email il y a qqs minutes (à une heure du mat, y a pas d'heures pour mes chevauchées héroïques...) à l'adjointe de cette même vieille directrice, découragée ces temps-ci par toutes les galères qu'elle rencontre en Inde face aux bureaucraties... L'arroseur arrosé, cela m'a presque fait sourire... Plus le temps passe, plus je réalise qu'une partie de mon taf consiste en coacher les orpheux découragés eux aussi, surtout en ce moment... Le plus dangereux est de se sentir seul dans ces moments de découragement, alors je coach si je sens le spleen venir chez un de mes partenaires, ou alors au contraire je partage avec mes collègues français si je me sens moi meme douter, pour mieux repartir au combat.

Se battre, se battre, encore et encore, en se préservant aussi pour ne pas s'épuiser de passion ou de déceptions, mais en continuant la lutte, coûte que coûte, contre l'absurdité qui empêche les enfants de vivre avec leur famille.

illustration : un bouclier indien of course !

10 commentaires:

Nadia a dit…

Bonjour, pour moi ce sera "le peu que l'on fait est toujours beaucoup pour celui qui le reçoit" ou un truc du genre qui m'a marqué suite à une lecture de "je ne sais plus qui". Bravo pour vous tous qui vous engagez et qui êtes en première(s) ligne(s), peu importe pour quelle(s) raison(s). nadia

Anonyme a dit…

Cette directrice que j'ai eu la chance de rencontrer est tout simplement une "grande dame" et j'espère pouvoir la revoir un jour.Elle a acceuilli, veillé sur des tas d'enfants néanmoins dont deux petites filles qui sont je le crois heureuses et vont bien et" accessoirement"font le bonheur de leur maman. JM

Nathalie a dit…

Pour des billets comme ça, moi je dis que ce blog n'est finalement pas tant que ça agonisant ...
Merci
Nathalie (qui attend ...)

Unknown a dit…

" Un enfant adopté est une victoire, and it is always better than nothing et ça aura valu tous nos efforts"
Avant hier, j'ai mi un message un peu identique sur mon blog.

Parfois il faut reconnaître qu'il est difficile de garder le moral face aux obstacles et qu'll est ligitime de penser ou/et de dire RAS LE BOL !!!!!

mirtille

Anonyme a dit…

Merci pour ton blog, je ne suis pas aussi militante que toi, mais je me bats pour qu'un 2ème enfant rejoigne notre foyer.

Alors continue pour l'enfant de plus, les enfants de plus, la famille de plus, les familles de plus, le bonheur de plus, les bonheurs de plus. EVE

Dominique a dit…

Que de vérité si difficile à vivre, pour nous les parents en attente, mais encore plus pour les enfants qui espèrent tant de cette nouvelle vie à venir... comment leur confiance peut elle revenir dans de tels moments, ou le désespoir s'installe, l'incompréhension, une sorte de trahison, et à nouveau dans leur tête le doute d'un autre abandon..!
Comme je te comprends, qu'il est difficile de nos jours d'avoir l'impression de se battre dans le vide, d'un côté comme de l'autre, et que dans tout ça, il y a les enfants!
Serait-ce l'entrée dans l'automne qui nous met le moral en berne..?
L'attente est toujours difficile à vivre, surtout quand le doute et les craintes s'installent.
Même la lueur d'une bougie lointaine peut faire battre nos coeurs, alors il faut se battre et continuer, sinon qui le fera et dans quelles conditions.
Nous parents ne serions rien sans vous, les bénévoles, sans le personnel des orphelinats, mais aussi et surtout sans les enfants en attente d'une famille... respectons les et aidons les, à nous de leur montrer notre force même si en ce moment on peut craindre le pire...

Unknown a dit…

Poème "Le bénévole "péché comme dab sur ne net.

Courir, courir, manquer de temps
cela m'arrive régulièrement.
Toujours plus vite, manger sur le pouce
pas d'importance, j'arrive à la rescousse.
Je vous entends dire, mais il est fou!
Non, non, je suis simplement bénévole.

J'ai pour salaire l'air du temps,
de même que des sourires charmants.
Je rencontre des gens intéressants,
j'ai mille contacts enrichissants.
Cela me vaut plus que de l'argent, mais
on dit que je travaille bénévolement.

On peut penser qu'à tant en faire,
je manque de temps pour mes affaires.
à la maison, on se serre les coudes,
entre nous la chaîne se soude.
Ensemble nous nous donnons la main,
pour construire de meilleurs demains.

Courir, courir, c'est toujours vrai, mais tant
d'autres gens courent sans autres attraits.
Qu'un gros salaire, un poste plus haut,
ce qui ne leur fait voir que des zéros.
Ma vie comblée, pleine de richesses,
vaut bien que je fasse quelques prouesses.

À toi, Père, qui m'a permis, en me donnant
santé et force de dire "oui"!
Je veux aujourd'hui te remercier,
d'avoir fait de moi un initié.
Je me sens grandi et épanoui,
je suis bénévole et j'en suis ravi!

Dominique a dit…

Une croyance chinoise :

"Un fil rouge invisible relie ceux et celles qui sont destinés à se rencontrer, indépendamment du temps, de l'endroit, ou des circonstances. Le fil peut s'étendre ou s'embrouiller, mais ne se cassera jamais"

Alors gardons espoir!!!

Carole a dit…

Moushette, dés que vous parlez comme ça, ça me fait flipper... Je voudrais pouvoir quand je ne fais que vouloir, attendre et espérer... J'ai beaucoup aimé votre message Eve; Moi je ne suis que le message de plus...

Carole

Moushette a dit…

Merci Mirtille pr ce joli poeme, il est bien sympa. Et il est vrai que les nanas de monbledpaumé n'arretaient pas de se moquer de moi car je courrais non stop et suis toujours à la bourr ! c'est plus calme cette annee, moins de dossiers à mon regret, et surtout meilleure organisation !!

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