lundi 18 septembre 2006

Moi et l'Inde...

Je préviens tout de suite les foules... J'écris sous l'emprise de la colère...

Un blog ca sert à ça aussi, se défouler, extérioriser une souffrance, une colère, une émotion...

Pour des raisons bassement conflictuelles de familles jalouses (qui ne vont pas améliorer mes rapports avec ma mère car elle en est à l'origine...), une de mes cousines indiennes qui devait passer qqs jours à Paris pdt ses vacances européennes ne viendra finalement pas en France. Alors je suis déçue, déçue de ne pas la voir (bien que je la vois à chacun de mes voyages à Mumbai), et surtout déçue que mes enfants ne la voient pas. Idem pour ma cousine qui habite en Allemagne qui devait l'accompagner.

Ma famille maternelle et paternelle se résume à la peau de chagrin de Balzac en fin de course, alors les opportunités "d'être en famille" de mon côté de la famille sont rares. Mon enfance a été assez solitaire, fille unique, pas ou peu de famille, et ignorance totale sur la grande inconnue ave un grand I, l'Inde. Un voyage à l'age de 5 ans, c'est tout. Et un jour à 17, en TC, je me rends compte qu'un copain tout français en connait 100 fois plus que moi sur ce pays. C'est le déclic. Je demande à mes parents d'aller en Inde pour les vacances car je veux connaitre ce pays et ma famille la-bas. Leur réponse à ma grande surprise est oui si j'ai le bac. Avec le recul je me rends compte que certains adoptés ont ce genre de réaction, besoin de connaitre le pays de leurs racines (pour moi la moitié !) pour devenir adulte.... J'ai suivi le meme parcours avec une mere bio indienne !!!! Circonstances aténuantes pour elle, enfance très malheureuse en Inde, surement tres difficile pour elle de renouer avec ce pays synonyme de souffrance, de pauvreté et de tristesse. Je ne lui en veut pas car je comprends le pq.

A 17 ans donc je vais en Inde avec mes parents. Je suis partagée entre l'emerveillement, le dégout (de la crasse et la misere), et la fascination. Ma soeur revoit ses freres apres 30 ans !!! Grandes retrouvailles, grandes emotions. Ma mere a été malade (tourista violente) pdt la semaine entiere que nous avons passé à Bangalore où ils vivent. Elle a admis depuis peu que cela devait être du aux émotions, au stress... Menfin, moi dans tout ca petit à petit, je tombe amoureuse de ce pays, et de cette famille toute neuve pour moi, toute belle... Je découvre la joie d'avoir un "grand frère", mon cousin germain Nikki qui me promène en Inde, enfin mes premiers pas dans ce pays sans mes parents. Sans doute le début de MA relation avec mon deuxième pays...

Rentrée en France, je n'ai qu'une envie... Y retourner... Je passe mon temps à me documenter sur l'Inde, à apprendre leur culture, leurs coutumes, bref à rattraper mon retard. Qqs années plus tard j'y retourne avec mes parents. A la fin de ce séjour, je quitte mes habits européens et j'enfile mes premiers salvar kamiz. Je commence à comprendre ce qu'est ma double culture... J'entraine ma mere dans les souks, me met à négocier, prendre l'accent indien, les manières des indiennes que je copie après les avoir vues à l'oeuvre. Ma mère hallucine, je suis plus une vraie indienne que nature !!!! La nouvelle Suzanne est là, indienne certains jours, française les autres, comme ca lui chante, il suffit de changer l'habit de lumière et la façon de voir la vie, un peu comme on zape devant une télé... Encore maintenant je joue à ce jeu...

2 années après je retourne en Inde, cette fois c'est moi le guide, et j'entraine des amis étudiants avec moi. Voyage routard sac à dos, petit budget, mais que de souvenirs... J'ai maintenant ma propre relation avec l'Inde, qui ne passe plus par ma mère qui est incapable de trop se rapprocher de l'Inde. Je suis une française un peu indienne.

Comme bcp de voyageurs en Inde, il y a un jour ou on craque. Et l'amie qui m'accompagnait se met à pleurer, à cause de la misère, à cause des enfants aussi petits que la sienne, à cause de toutes ces émotions. Et je me souviens que ce jour là, pdt que j'essayais de la consoler, je lui ai dit : "un jour j'aimerais adopter un enfant indien". Le coté humanitaire, pas très réfléchi, mais le début de mon projet était sans doute là...

Depuis, ma relation avec l'Inde, vous le devinez, est de plus en plus forte, grâce à mes enfants, et aussi grâce à tout ces enfants qui sont adoptés en France et qui me permettent de rendre visite à mon deuxième pays régulièrement.

Grâce à l'adoption de Nishal, j'ai pu assouvir un fantasme, celui de vivre en Inde... de faire mes courses, faire ma popotte en Inde, mes potes indiens... Jamais je ne m'étais sentie aussi indienne, sans doute même trop car le retour en France a été difficile... Depuis l'arrivée de Scarlett et mon taf à l'assoce, je me sens sereine avec mes deux pays. Ils sont tous les deux à portée de main, et les sourires de mes enfants m'empêchent d'avoir le mal du deuxième pays...

En conclusion, je dirais que ce n'est pas facile d'être le c..l entre deux chaises, que l'on peut se retrouver par terre si l'on y prend garde et de se perdre à force d'être partagé... J'ai la chance de pouvoir bien vivre cette dualité, et Mon Dieu, quel chance j'ai ... J'espère que mes enfants le vivront bien aussi, leur situation est différente, car l'Inde est aussi le pays de l'abandon. L'avenir nous le dira...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ton post est vraiment bouleversant. On ressent que tu as vraiment l'Inde dans tes tripes. On sent cette relation très forte. C'est à la fois beau, triste et très intense.

J'aime vraiment beaucoup ton blog, ta personnalité et tes écrits :)

Elise

Anonyme a dit…

Ton post est vraiment bouleversant. On ressent que tu as vraiment l'Inde dans tes tripes. On sent cette relation très forte. C'est à la fois beau, triste et très intense.

J'aime vraiment beaucoup ton blog, ta personnalité et tes écrits :)

Elise

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