mercredi 17 janvier 2007

Le 14 Décembre 2004, le jour où tout commença.

Je me souviens très bien du 14 Décembre 2004, comme si c'était hier.

Mais faisons un rapide flashback. 2 mois avant cela, j'acceptais de devenir bénévole dans mon OAA (assoce adoption) afin d'épauler les personnes en charges des adoptions indiennes. Qqs semaines après cela, Karine, la maman de Trisha, et Sister Aurelia me parlaient de toi, en disant que tu étais un garçon merveilleux et que Sister te cherchait une famille.

Mon premier voyage en Inde pour le compte de l'association s'est alors mis en route. Pour toi, pour te voir ! Je devais partir 10 jours avant le premier Noël avec mon fils pour en savoir plus sur toi, de façon à pouvoir parler de toi à tes futurs parents. Ca avait été très dur de dire au revoir à Nishal la veille de mon départ pour l'Inde. C'était la première fois que je le quittais pour si longtemps, et j'avais l'impression qu'on m'arrachait un oeil !!! Mais de l'autre côté, je brûlais d'envie de te rencontrer, percer le mystère autour de ce petit garçon Preetham dont tout le monde me parlait en termes élogieux !

Je me souviens très bien de ce 14 Décembre. Sur la route vers l'orphelinat, dans mon taxi, j'avais dans ma tête un mélange de flashbacks de l'adoption de Nishal, et une appréhension énorme... Comment étais tu, serions nous capables de te trouver une famille ?

Je me souviens de notre rencontre comme si c'était hier. C'était dans la salle à manger des invités du "Parlour" de l'orphelinat. Le ventilo devait tourner, on devait entendre les filles rigoler et s'activer dans la cuisine au fond du couloir... Sister est arrivée avec dans ses bras... toi ! Un visage aussi souriant et lumineux que le soleil, du charme à l'état brut ! J'étais conquise, au premier coup d'oeil, toutes mes appréhensions se sont soudainement envolées !

Oui, tu as une différence visible, une main en moins, un bout de bras en moins. Mais tu es un magicien. J'ai vite oublié ta différence, comme si tu avais mis de la poudre magique dans mes yeux. Et je ne me suis plus intéressé qu'au merveilleux petit garçon en face de moi, avec qui j'avais envie de jouer, faire des câlins, sourire et rigoler. A cet instant précis, tu m'as charmé et conquise, et depuis.... le charme agit toujours ! Si tu devais avoir un fan club, j'en serais sûrement la présidente...

Tu ne marchais pas encore, tu avais pas encore un an, mais déjà tu te tenais debout quasiment tout seul, et tu n'hésitais pas à te lancer dans un 4 pattes effréné, à te faire culbuter dans tout les sens pour arriver à tes fins. Tu te débrouillais aussi bien que n'importe quel enfant de ton âge, même mieux que plein d'autres ! Ta ténacité, ta patience, ton agilité m'ont bluffé. J'ai compris que malgré ta différence, visible et spectaculaire pour ceux qui n'ont pas l'habitude, tu n'étais pas un enfant handicapé. Non, non, non. Tu étais certes différent. Mais sûrement pas handicape, dans le sens péjoratif du terme.

Une fois les présentations faites, nous nous sommes engouffrés, toi, moi et une jeune fille de l'orphelinat dans notre taxi pour aller à un hôpital de Bangalore. Aloma m'avait recommandé auprès d'un spécialiste en orthopédie, le chef de service du meilleur hôpital de la ville dans le domaine, et nous avions rdv pour qu'il t'examine et te fasse faire qqs radios. Tu étais ravi de ton voyage, tu n'as pas du tout eu peur qu'on t'enlève de ton environnement habituel, tu m'as fait confiance tout de suite, et ca me faisait chaud au coeur.

Une fois arrivés dans l'hôpital, nous avons vu plein de médecins, y compris le fameux chef de service. Tout le monde t'a examiné, et ouf, tout allait bien tu étais en parfaite santé. J'étais si heureuse de savoir que tu n'avais aucune complication ! Et j'ai constaté que je n'étais pas la seule à tomber sous ton charme. Tout le personnel médical était autour de toi pour te faire des gazouillis, des câlins, des sourires. Même le chef de service, ce bonhomme sérieux et très pressé a pris plaisir à joue un peu avec toi ! Et toi, en parfait gentleman, tu rigolais, souriais, tu étais super heureux ! Je me souviens aussi de la radio. Il a fallu passer dans une salle spéciale, la jeune fille de l'orphelinat a eu une peur bleue, et elle est restée dehors, à tenir le petit panier ! Je suis donc rentrée avec toi, on m'a mis un tablier en métal pour me protéger des rayons, et j'ai du te tenir pour faire tes radios. Forcément tu as eu peur, car il faisait noir, et tout était bizarre, tu as un peu pleuré, mais si peu ! Tu étais très courageux, et tu as à peine bougé. Une fois rhabillé, tu étais de nouveau tout sourires, et tes peurs étaient envolées.

Après, nous avons passé une longue heure à attendre les résultats, je me souviens t'avoir porté tout ce temps, en te faisant regarder l'aquarium de poissons rouges et la vierge marie clignotante de la salle d'attente. D'ailleurs à chaque fois que j'étais devant la vierge et ses diodes rouges, j'en profitais pour lui envoyer un p'tite prière en télépathie histoire que tout aille bien pour toi pour la suite ! Au fur et à mesure que le temps passait, je sentais une énorme vague obsessionnelle monter en moi. "Il faut qu'on lui trouve une famille, il faut qu'on lui trouve une famille..." Je t'ai beaucoup parlé, tu entendais de ma bouche pour la première fois du français, et je t'ai promis de faire tout mon possible pour te trouver très vite une super famille...

Sur le chemin du retour dans le taxi, je te regardais dormir, et une phrase m'a paru évidente. "Non Preetham n'a rien en moins. Il n'a que des choses en plus". Cette phrase reste encore valable aujourd'hui, et grâce à toi, à notre rencontre et à qui tu es, j'ai un regard totalement nouveau sur ce qu'est la différence, l'handicap, la tolérance...

Une fois de retour à l'orphelinat, Sister Aurelia était soulagée comme moi de savoir que tout allait bien. Le soir même j'étais à Bangalore, en train de téléphoner hystériquement à Thérèse pour lui annoncer que tout allait bien et lui demander des nouvelles de ses contacts avec ta famille.

Le 16 octobre, j'étais de retour dans l'orphelinat. Le 16 octobre en fin d'après midi, une des jeunes filles de la crèche m'a mis un petit paquet dans mes bras. Ce jour6là je suis tombée amoureuse d'une frimousse pleine de bouclettes. J'ai su tout de suite qu'elle était ma fille, je ne sais pourquoi. Sagarika me faisait ses premiers sourires...

Preethoo, sans le savoir, c'est grâce à toi j'ai pu rencontrer ma fille. Déjà à cette époque tu faisais partie de ma vie...

Et puis il y a eu ce fameux 26 Noël. Le jour où tes parents et Lilou sont passé chez nous pour voir tes photos pour la première fois. La première réaction de ta maman en voyant tes photos a été de dire "c'est mon fils, qu'il est beau...". Ils t'ont immédiatement adopté dans leur coeur, et m'ont rigolé au nez quand je leur ai proposé qqs jours pour réfléchir. Leur décision était prise, tu serais leur fils !!! J'étais aux anges, j'avais tenu ma promesse, et grâce aux efforts de toute l'équipe de notre association, tu aurais bientôt une super famille...

Juillet 2005. Ta maman et moi sommes repartis à ta rencontre, pendant que ton papa gardait Lilou à la maison. Cette fois-ci c'était pour t'amener en France, dans ta famille, dans ta nouvelle vie... Tout cela ta Maman a du déjà bien te le raconter, ça a été un voyage merveilleux, tu as été adorable, je n'en garde que des bons souvenirs, même si ça a été dur de partir une fois de plus, sans Scarlett. Mais grâce à ton adoption, j'ai pu être avec ma fille pour fêter ses 1 an, et toi aussi tu étais de la fête ! Image Hosted by ImageShack.us

Nous nous sommes revus plusieurs fois depuis ton arrivée en France. Aux réunions de notre OAA, et chez toi et chez moi à plusieurs reprises. A chaque fois tes grands sourires et tes yeux pétillants de malice me faisaient fondre, et j'étais ravie de te voir t'épanouir, progresser et être heureux, tout simplement ! Et lors de la dernière réunion de notre OAA, lorsque tu te jetais dans mes bras pour un câlin ou que tu prononçais mon prénom avec ce sourire plein de malice, j'avais le coeur qui partait en vrille !!!!

Lundi soir, ta maman m'a appelé. Moi je pensais que c'était pour me gronder, parceque j'étais en retard pour lui envoyer des papiers. Mais lorsqu'elle m'a dit que ton Papa et elle voulaient que je sois ta marraine, j'ai tout simplement explosé de joie !!!!!!! Tu as toujours eu une place spéciale dans mon coeur, depuis le premier jour de notre rencontre, et je suis tout simplement ravie et honorée de pouvoir tenir ce rôle auprès de toi ! Pour moi c'est une grosse "responsabilité", un rôle que je prends très au sérieux, et que j'endosse avec plein de plaisir... Et en plus, c'est la première fois que je suis marraine, quelle chance j'ai !!!!

Depuis ce coup de fil, je plane, je pense beaucoup à toi, j'ai sorti les photos de notre première rencontre, j'ai repensé à tout ces instants passés, j'ai plein de projets pour le futur...

Voilà.... le 14 décembre 2004, tout commença.... Et nous n'en sommes qu'au début d'une très belle histoire...

Merci à Françoise et à Thierry de m'avoir fait confiance, je ne vous dirai jamais assez merci...

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5 commentaires:

Anonyme a dit…

Devant son ordi, pendant la sieste d'Adrien-Preetham, la maman pleure d'émotion....
Merci super Marraine !

Anonyme a dit…

Très beau, merci pour cette belle histoire !

Anonyme a dit…

Mon frère et ma belle-soeur ont adopté deux garçons au Vietnam il y a huit ans. Ils forment à eux quatre une très belle famille.

Je vous souhaite une merveilleuse continuation dans cette belle aventure.

Anonyme a dit…

Ouaaah ! Quand on passe ici par hasard, ça surprend ! Superbe histoire et très beau petit bonhomme: quel regard ...
Les parents ont de la chance ...
Plein de bonheur encore avec ce petit homme ...

Balotine a dit…

Je viens de faire un flash back pour comprendre l'histoire de ton filleul... C'est très émouvant !
C'est vrai qu'il a l'ai exceptionnel cet enfant !

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