mercredi 30 janvier 2013

Peurs...

The Scream - Edvard Munch


La peur.

La peur est un sentiment que nous côtoyons tous au quotidien dans nos petites vies : peur de perdre un proche lorsqu'il est malade ou lorsqu'il se met volontairement en situation de risque, peur de perdre son enfant lorsqu'il grandit et s'envole vers son autonomie, peur de perdre son travail et de ne plus pouvoir payer toutes les factures à la fin du mois, peur d'être encore trahi, peur de mourir lorsqu'on sent son corps et son esprit vieillir, peur de ... , peur de... Peurs. Il y a aussi la peur des inconnus, la peur des gens différents de nous qui peut se transformer en racisme chez les adultes ou en moqueries dans les cours de collèges, d'écoles. Nos vie sont peuplées de peurs, petites et grandes, il y en a tant et nous devons cohabiter avec.

Comme tout le monde, j'ai les miennes, que j'essaye d'analyser, décortiquer afin de pouvoir mieux les dominer ou tout du moins les accepter et vivre en harmonie avec, sans qu'elles ne prennent le contrôle. J'essaye de lutter contre la paralysie qu'elles génèrent : je les écoute, les comprends et les digère mais je continue d'avancer bien qu'elles soient toujours là.

La peur, les peurs,  je les ai côtoyées dans l'adoption, bien évidemment. Une parentalité atypique par rapport à la sacro-sainte biologie, quoi de plus logique ? Peur bien sûr avant de devenir le parent de chacun de mes enfants comme tout "parent-to-be". Oui, j'étais taraudée de peurs, de doutes et de questions avant la rencontre. Et à chaque fois, mes peurs étaient infondées, puisque les problèmes rencontrées étaient bien ailleurs que là où je les redoutais ! Ah, les surprises de la parentalité, nos vies seraient si linéaires sans elles, adoption on pas...

Et puis bien sûr des peurs j'en ai eu pas mal, oui même beaucoup pendant ces 8 ans de bénévolat en OAA. Des peurs, des doutes, des prises de tête à n'en plus finir. Mais comme pour mes propres peurs familiales, elles étaient pour la plupart totalement infondées, et les tristes surprises sont arrivées là où je m'y attendais le moins. Dans les périodes de grandes difficultés, ces épreuves pour tous ont eu un lourd impact sur mon moral et mes motivations : doutes, peurs et incertitudes ont fait leur grand retour, j'ai cherché, cherché et encore cherché à comprendre, sans juger, sans accuser, juste comprendre. Mais j'avais peur d'avancer, de recommencer. Et puis avec le temps, les peurs et leurs copines sont retournées dans leur terrier, et j'ai pu continuer d'avancer. Avec certes moins d'illusions, mais en regardant en avant plutôt qu'en arrière.

Aujourd'hui je me pose encore et souvent la question, sur ce qu'est "une adoption à risque". On a tant entendu parler des ces enfants appelés "à risque" souffrant de troubles de l'attachement. Et que dire de tous enfants que beaucoup de spécialistes regardent d'un mauvais oeil : les enfants grands, les fratries, les dossiers aux vécus lourds.... Pour eux, je ne me pose pas trop de questions, je les regarde simplement s'épanouir ou faire face à leurs épreuves avec leur étonnante résilience. Leur capacités de reconstruction ou de construction me laissent encore et encore sans voix. Je les kifs tous, un par un, je les trouve tous admirables.

Mais revenons à nos moutons de "l'adoption à risque" et abordons le sujet essentiel de ce billet : les "familles dites à risque". Les célibataires sont souvent les premiers pointés du doigt par les professionnels, les couples âgés aussi, d'autres jettent la pierre aux familles divorcés. Des professionnels lancent des avertissements, appellent à la vigilance ou brandissent la menace de "l'échec". A peur... A trètrèpeur.... Pourtant, pour chacune des ces familles "atypiques", je vois tant d'adoptions belles et épanouies, j'ai terriblement du mal à généraliser ou leur coller l'étiquette du risque d'échec ! Et je souris souvent aux raccourcis trop réducteurs...

Les seuls risques que je connaisse chez les familles et que j'ai réussi d'identifier dans les postulants avec un vrai projet parental, c'est celui des familles mal préparées aux réalités souvent difficiles de l'adoption, et/ou trop dans un imaginaire rigide de leur enfant, et/ou très peu disponibles matériellement pour consacrer tout le temps qu'il faut pour leur enfant.

Pour ce dernier point, vous pourriez me répondre que les célibataires sont seul(e)s pour élever leurs enfants, et donc qu'ils sont moins disponibles que les couples. Il est vrai qu'élever seul(e) son ou ses enfants demande une énorme disponibilité matérielle et affectivité. Point de vue perso, dès que je me retrouve seule avec mes enfants, je rame, et j'envoie des palmes virtuelles à tous les parents solos que je connais (divorcés, veufs, ou solos par l'adoption) qui élèvent leurs enfants avec brio !!!  Les familles monoparentales que je connais, que je côtoie ou que j'observe me donnent  pour la plupart une telle impression positive que je n'ai qu'un mot qui me vienne à la bouche : RESPECT. Respect de leur façon d'élever leur enfant malgré toutes les contraintes et frustrations. Dans le cas de certaines adoptions j'ai aussi un énorme respect pour ceux/celles qui ont accepté l'apparentement d'enfants qui seraient sans doute encore à l'orphelinat s'ils n'avaient pas dit oui malgré des dossiers lourds qui ont fait peur aux autres familles.

Du fait de leur différence, de leur statut parental, je les vois se préparer, se rendre disponibles et écouter leurs enfants d'une façon souvent bien plus complète que les parents "de base". Et pareil pour les "vieux", les "recomposés/divorcés", il y a tant de familles que j'observe de loin avec un profond respect et une infinie reconnaissance pour le bonheur et l'épanouissement qu'ils apportent à ces enfants nés en Inde ou ailleurs. Leurs différences, décriées par certains semblent au contraire à mes yeux être leur force, et ils les transforment en atouts ! J'ai si souvent entendu cette phrase "La différence, je sais ce que je sais puisque je l'ai vécu et je la vis encore. Cela me permettra d'aider mon enfant à surmonter les difficultés liées aux siennes."

De la même façon que pour les adoptions à risque, j'ai envie de me poser la même question dans le sens inverse : qu'est-ce-que l'adoption parfaite ? Bin oui tiens, c quoi l'adoption parfaite et idéale ? Côté enfant c'est archi fastoche : les enfants parfaits, je les ai vite identifiés....

Bin ce sont les miens !!!! (bon sauf quand ils font pipi à côté de la cuvette, qu'ils m'arrachent les tympans au milieu d'un doux rêve ou qu'ils dégomment mes scores sur notre console familiale..). Plus sérieusement, l'enfant parfait pour moi, c'est celui qui veut être adopté et qui a de l'amour à donner à une famille qui lui rendra bien. Voilà en quoi se résume pour moi un enfant parfait. D'ailleurs je le répète souvent aux miens : ils n'ont pas à être parfaits ou à s'en rapprocher puisqu'ils sont des enfants ! Etre un enfant me suffit à être comblée par leur présence et leur amour.

Et côté parents hein ? Quel est le parent idéal, donc sans ou alors avec très peu de risques pour aboutir à l'adoption parfaite ? Rapidement, on imagine les parents  hétéros, beaux, intelligents, tolérants, sveltes et aussi parfait que ceux qui vont adopter Penny dans le dessin animé Bernard et Bianca de W. Disney. Et puis viennent à l'esprit à la ramasse les contre-exemples, ternissant cette image parfaite de l'apparente famille idéale... Existe-t-il donc un profil de parent idéal pour l'épanouissement des enfants qui évite tous les risque menaçants ? Un arbre magnifique et parfait d'aspect ne cache-t-il pas souvent la forêt remplie d'ogres affamés ?

Il y a 8 ans lorsque j'ai démarré mon travail de bénévole en OAA, j'étais une "bleue", remplie d'étiquettes, de peurs et d'aprioris. J'ai vécu ces 8 ans les yeux écarquillés, émerveillés, et toutes mes étiquettes sont tombées les unes après les autres. Et j'ai en tête beaucoup de mercis pour le courage des parents, leurs disponibilités, malgré les épreuves et sûrement leurs peurs qu'ils ont du affronter. Lorsque certaines familles viennent me saluer et me remercier une fois l'enfant arrivé en France, mon coeur a souvent envie de leur dire merci, merci de nous avoir fait confiance, merci pour cet enfant, merci d'être là pour eux et de leur offrir votre famille.

Aujourd'hui, des peurs, j'en ai encore et j'en aurai toujours, mais j'ai appris à les mettre à leur place au fond de leur terrier : leurs fréquents hurlements me servent d'alerte pour rester vigilante, mais elles ne m'empêchent plus d'avancer ou de faire confiance en l'avenir et dans les hommes, petits ou grands. La peur est indissociable de la parentalité ou de l'attente avant de (re)devenir parent, faut bien que je me fasse une raison, elle sera là pour chacune des adoptions que j'ai la chance d'aider ! Il y a des risques partout, quelque soit le profil du parent, et ces risques sont rarement là où on s'attend à les voir. Alors mes "étiquettes à familles risquées", cela fait longtemps que je les ai mangées, et je préfère aider, préparer et discuter avec chaque individu au cas par cas, loin des généralités menaçantes qui ne leur sont d'aucune utilité !

Certains doivent sans doute penser que je suis une tête brûlée inconsciente et utopiste. Que mon côté Laura Ingalls est risible, et que je généralise trop moi aussi, dans un monde rose bonbon sans étiquettes sur les familles. Ils ont peut être raison après tout. Difficile de faire passer toutes les nuances de mes pensées dans un billet déjà trop long.

Moi j'ai envie de croire en l'homme, aux hommes quels qu'ils soient. Et d'avancer avec eux, au cas par cas, selon leur rythme et leurs capacités. J'aspire encore et encore à un monde où les différences sont acceptées par tous et deviennent nos richesses. S'embourber dans la peur et les aprioris et ne pas avancer est contraire à ma philosophie pourtant naturellement prudente. J'ai choisi d'avancer et d'y croire...




Et vous, lecteurs chéris, vos peurs sont-elles aussi comme les miennes ?...

21 commentaires:

Béatrice Rougier Rodriguez a dit…

Moushette,

En ce qui nous concerne, nous avons peur. Très peur même. Nous en parlons souvent tous les deux. De cette peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas réussir à aider nos enfants à panser leurs blessures, de ne pas nous sentir assez forts face à deux petits êtres meurtris. Cette peur d'avoir sous-estimé les difficultés, d'avoir sur-estimé nos capacités, de voir nos propres blessures ressurgir, de ne pas trouver les mots... Cette peur d'être pour toujours engagés vis à vis de deux enfants qui n'ont rien demandé. Cette peur de ne pas pouvoir réagir comme il faudrait face aux remarques blessantes, de ne pas avoir l'attitude que nos filles pourraient espérer... Oui, cette peur nous habite autant que le bonheur de devenir parents.

biZEU

Moushette a dit…

@zeu : merci pour ton commentaire archi rapide et archi sincère. Tu me rappelles tant mes peurs d'avant les enfants... j'aime beaucoup quand tu dis qu'elles vous habitent autant que le bonheur de devenir parent, c'est tellement vrai...

Et si la peur faisait de nous ces parents parfaits et idéaux ? Plus tu as peur, meilleur parent tu seras ! Donc si tu as peur, c'est que tu es sur la bonne voie, toutes mes félicitations Zeu !!! Raisonnement absurde et débile, mais pas totalement faux non plus...

En tout cas tu sais que je reste là si tu as besoin de partage (tas déjà vu un film d'horreur rester terrifiant lorsqu'il est décortiqué par deux nanas engloutissant sushis et masalas tchaïs ??!).

BiZEU

Sylvie la Grande Bretonne a dit…

memes peurs ici aussi, peur de ne pas etre a la hauteur, ou de louper des signes de qqch qui se revelerait grave/important plus tard.... Peur (grosse) de la laisser seule un jour, ca oui ... le risque de la famille monoparentale, on va dire ... meme si le risque existe pour un couple aussi (un accident est malheureusement si vite arrivé - mais nous, on est obligé d'y penser avant, et de s'organiser en consequence).
Et jsute pour rebondir sur le sujet, au sujet des parents solo : je suis toujours epatée qu'on s'epate d'un parent qui eleve seul un/des enfants. Tu ne peux pas comparer avec ta 'soloitude' du jour ou ton cher et tendre n'est pas la, ce n'est pas du tout la meme chose! nOus on est toujours seuls, donc on y est préparé dès Day One, et meme avant, et surtout, on s'organise en fonction ! Bon, je ne dis pas que c'est pas parfois galere, mais ds l'ensemble, et ds mon cas en tt cas, c'est vraiment pas ca qui est difficile. la maison est organisee en fonction, j'ai organisé des relais (nounou, grands parents, ecole et cie) bien avant qu'Iris n'arrive, j'organise la journée de demain ou la semaine d'apres a l'avance, etc etc Et surtout, on ne compte sur personne d'autre pour faire les choses, pour prendre une decision, etc. C'est bcp plus facile, je trouve ! On n'attend apres personne !:o)

Sinon, pour revenir aux peurs, je dirais aussi qu'on souffre surtout des peurs des autres, qui les motivent pour etre blessants parfois. Les reflexions pas sympas, les discriminations ont souvent leurs racines ds les peurs de ceux qui les profèrent, des gens qui ont peur de l'autre, de la difference, qui ont des doutes ou des choses pas bien gérées par rapport a leur propre filiation (ascendante ou descendante), et ca nous retombe dessus alors qu'on n'a pas ces memes peurs !!
Et ces peurs la me saoulent .....

des bisous !
Sylvie et Iris

Balotine bis a dit…

Les parents "bios" ont aussi des peurs. Peur de la maladie. Peur que leurs enfants ne les aiment pas ou ne les repectent pas. Peur qu'ils ne réussissent pas à faire leur place dans la société. Et surtout, peur qu'ils ne soient pas heureux !

Tartine a dit…

Moi je suis sûre que j'ai la palme de la trouille. J'ai toujours la trouille. Tout le temps et pour tout. Déjà, j'ai toujours peur de perdre un jour mes loulous, qu'on leur fasse du mal. Je ne peux pas m'empêcher d'y penser sans arrêt.

J'ai toujours peur de mal faire, de ne pas être à la hauteur vis à vis d'eux. J'ai peur qu'un jour ils me détestent aussi. Peur de ne pas faire les choses comme il faut, que ce soit sur des trucs énormes ou sur des détails...

J'ai aussi peur qu'on n'arrive pas à aider notre loulou 2 à avancer dans sa scolarité (il est toujours très très en retard) et son comportement parfois borderline, peur qu'il n'arrive jamais à parler correctement, peur que la dysphasie se confirme.

J'ai peur qu'ils ne soient pas heureux, qu'on les déçoivent.

Donc, merci de m'accueillir sur ce post !

Bizzz Moushette

Clara a dit…

Bonjour,
J'ai eu très très peur avant d'avoir mes enfants, maintenant qu'ils sont là, mes peurs sont devenues celles des parents "bios" : vont ils être heureux plus tard, vont ils rester longtemps en bonne santé, etc ...
Et je pense très fort qu'aucune famille n'est identique, qu'elle soit bio ou pas, elle est composée d'êtres différents, et donc, l'équilibre peut être là ou pas là, mais on ne peut pas vraiment le prévoir ...
Moi, pour le moment, je me dis que tout va bien, les enfants paraissent heureux, ont des copains, n'ont pas de remarques racistes à l'école, ont de bons résultats à l'école etc. J'espère que ça restera comme cela, et qu'on réussira à passer tous ensemble le cap de l'adolescence, tellement diabolisé pour les enfants adoptés, dans de bonnes conditions, en gardant tout l'amour qu'on a actuellement les uns pour les autres.
Bises !

Christelle Ritter a dit…

Merci Moushette.
Christelle

Duchesse a dit…

"Plus tu as peur, meilleur parent tu seras" : merci Moushette de me faire rire en même temps qu'acquiescer ^^
Plus sérieusement, la peur n'évite pas le danger. Et la confiance (en l'homme, la vie) n'exclut pas de (se) préparer (au pire par exemple, comme ça on a de bonnes surprises, forcément).
Ceux qui réduisent l'aptitude à adopter à des signes extérieurs se trompent. La meilleure préparation que j'ai eue à l'adoption, c'est une travailleuse sociale qui me l'a donnée, en me posant à chaque fin d'entretien une ou deux question philosophico-éducative, et en me disant : "je ne veux pas la réponse, mais je veux que vous la cherchiez pour vous-même". La deuxième meilleure préparation à l'adoption que j'ai eue, c'est de rencontrer des familles ayant déjà adopté, et leurs enfants.
accessoirement, merci pour votre blog que je ne me lasse pas de lire !

Fiona. a dit…

Merci pour le travail que tu fais et tout l'amour que tu y mets. Gros bisous.

Unknown a dit…

Bizarre je n'ai aucunes peurs ni aucunes inquiétudes en ce moment...:-)

Anne a dit…

mirtille, si ça te rassure, j'ai peur de plein de choses pour moi et mes enfants (morts, maladie, échecs affectifs, professionnel...) mais jamais douté de mes capacité à être une mère "potable", avec mes défauts et mes qualités, faudra faire avec....mais c'est réciproque, nos mômes ont aussi leurs qualités et leurs défauts...enfin les miens en tout cas!

Quand à la famille idéale style pub pour BNP, ça fait très longtemps que je l'ai démystifiée (pour en avoir aussi croisé quelqu'unes bien pathogènes de l'intérieur), alors là, je te rejoins, Moushette, les "risques" sont très difficiles à "prédire" et l'alchimie relationnelle souvent très surprenante!

Comme dit l'AS de Duchesse, toujours se poser des questions et tenter de trouver quelques modestes éléments de réponse pour soi-même!

Unknown a dit…

Oui Anne je suis d'accord avec toi,mon message était de l'humour, nous avons tous nos peurs, nos inquiétudes et nos interrogations....

Moushette, j'aime beaucoup ce genre d'écrits, ceux qui nous font réfléchir, se questionner, avancer etc...

Bernardo a dit…

Mais, Moushette, n'est-ce pas la peur qui nous fait avancer ? La peur de mal faire (mais akoivoitonkonabienfé ?), la peur de ne pas être à la hauteur (mékélélabonoteur ?), la peur de ne jamais envoyer ce message parce que le code à taper est illisible... entre autres peurs.
Ca doit être lassant au long terme de n'avoir que des certitudes.
La peur n'est-elle pas aussi la clé de nos succès ? (j'ai eu peur de me tromper, mais je vois que j'ai fait le(s) bon(s) choix).
Continuons donc à avoir peur mais sachons la maîtriser, l'apprivoiser (cf Renard du Petit Prince)pour qu'elle ne nous empêche pas de vivre?

Niouk a dit…

Merci pour ce billet apaisé et ouvert. Loin des peurs qui enferment dans des certitudes rigides, loin des craintes qui paralysent dans une opinion... Oui, en tant que parent nous avons toujours plus ou moins peur pour nos enfants (et si..., et si...). Mais ce qui nous rassure c'est d'être capables de calmer les peur de nos petits.
Je suis d'accord avec un commentaire précédent : ce sont les peurs des autres, leur regard sur les signes extérieurs, leurs conclusions et parallèles hâtifs qui sont les plus dévastateurs. Malheureusement, le bruit qu'ils font actuellement est assourdissant et leurs certitudes... me font peur.

celnico and co a dit…

Je rejoindrais zen dans son commentaire, ces peurs la je les ai eu des que j'ai vu la photo de mes deux merveilles il y à plus de trois ans...se mélangeaient les peurs immédiates (de ne pas pouvoir communiquer, de ne pas les comprendre...) avec celles plus profondes de savoir si on saurait les aimer correctement pour qu'ils arrivent a vivre avec leur histoire, si on saurait gérer cette difficulté de la fratrie annoncée si souvent par tout le monde...et puis quand mes bounets sont arrivés les peurs terre-a-terre de maman ont pris le relais (peur qu'ils tombent a vélo, peur qu'il se fasse mal...) sans que je me sente dominee par elles
Bizarrement celle que je n'avais pas imaginée est arrivée ensuite et je crois que c'est peut être la plus grosse pour moi, peur qu'il m'arrive quelque chose et qu'ils doivent a nouveau perdre leur maman, inimaginable.
Et maintenant on est répartis pour un tour, des questions par milliers avant l'arrivée de la petite troisième et son insertion dans la fratrie et dans la famille, mais j'ai compris que c'est des peurs nécessaires, qui nous font réfléchir et nous pousse a être encore plus a l'écoute de nos enfants et de notre famille (plus qu'aux bien pensants ou a ceux qui savent tout mieux que nous)

Celine

Carole a dit…

Peur universelle on le voit bien, mais pas si souvent exprimée, surtout par ceux qu'on imagine si fort.
Merci de le faire donc, ça nous rapproche et ça rassure...

Carole

Anonyme a dit…

Bonjour,
Très intéressant votre billet, plein de réflexion et d'optimisme. Mais est-ce que votre OAA retient la candidature de familles "à risque" célibataires, couples âgés etc ? Parce que ça n'est pas le cas de la plupart des OAA. Pourtant leurs personnels ont sans doute constaté aussi que les difficultés n'étaient pas où on les attendait ni dans les familles ayant le "profil" a priori le plus favorable.

Moushette a dit…

Bon tout d'abord un merci à tous pour vos commentaires qui m'ont fait chaud au coeur ! J'ai tardé à répondre pour cause de gros crobes qui attaquent ma famille sans cesse... Il y a tant à répondre pour chaque commentaire, mais aller j'attaque !

@sylvie: je ne te dis pas que je compare ma solo-itude d'un weekend à ce que vous vivez. En fait c'est plutot le partage du quotidien d'amies solos qui m'a fait le plus comprendre leurs difficultés. En tout cas, j'aime bcp comment tu parles avec grande honnêté de tes difficultés et surtout toutes les solutions que tu apportes. Ce sens de la réaction de l'organisation et de la prévention, voilà ce qui manque à bcp de couples et qui font ta force !

@balotine (bis, pq bis tu vas déménager à un numéro bis ??!! ;-) ) : oui la peur de ne plus être aimé, c'est qqchose qui m'habite souvent aussi (et pas que pr les enfants car ils sont encore assez petits por ça !!). Alors quand je vois la liste des gens qui ne peuvent plus me saquer s'allonger au fil des années, imagine mon bonheur... Finalement, j'ai appris à vivre avec (et constater aussi que bcp sortent de la liste et reviennent dans mon cercle par pure magie, une fois leurs colères passées !), et je me contente de n'attacher d'importance qu'à l'amour du cercle d'intimes le plus strict.

@Elise, je t'accueille les bras grands ouverts, toi et tes peurs !! (et une bizz sur le museau de tes deux loulous).

@Clara : je trouve que c'est important de retrouver le plus possible les peurs des parents "bios" et d'oublier autant que possible nos différences lorsque ce n'est pas nécessaire. J'aime être "comme les autres" : aussi nulle, aussi imparfaite, et donc finalement bien normale malgré nos différences ! Les enfants adorent !!

@Christelle : de rien contente d'avoir été lue et que ça ait plu !

@Duchesse : merci pour vos comentaires toujours aussi pertinents ! Ravie de savoir que mon blog peut autant plaire. Je suis contente de voir qu'une AS a sur faire fi des préjugés sur les familles solos et vous a aidé sincérement à votre préparation plutôt que vous juger ou vous décourager. Lorsque c'est ainsi, on peut dire que c'est vraiment un très beau métier.

@mirtilles : bon avoue-le, tu fumes des trucs bizzarres pour ne pas avoir peur ! Nan j'rigole, j'avais bien compris que c'est du second degré. Moi ce n'est pas la peur qui m'habite, c'est plutôt la colère face aux incompétents et aux lourdeurs administratives... Mais tant que les choses avancent,un peu à la mode indienne, je me refuse d'avoir peur... (courage, on y croit !!!!)

@Anne : ah la famille BNP, j'adore cette expression totale année nineties ! D'ailleurs même, j'ai souvent tendance à dire que plus la couche de vernis scintille et est épaisse, plus les familles sont toutes vermoulues de l'intérieur !!! Tu as aussi parfaitement résumé ce que je pense en matière d'alchimie (ou de non alchimie).

(suite à venir)

Moushette a dit…

@bernardo : on est bien d'accord, c'est un peu le sujet de mon billet, les signaux d'alerte de mes peurs m'aident à réfléchir et à avancer une fois maitrisées. C'est tout à fait cela, je vis avec elles non stop, pour la plupart j'arrive à les apprivoiser comme le petit prince. Je n'ai jamais su être sûre de moi depuis la plus tendre enfance, cela m'a joué bien des tours, mais à force de temps et d'épreuves j'apprends un peu mieux à les apprivoiser... Les gens trop sûrs ou trop campés dans leurs certitudes me font peur d'ailleurs, j'ai remarqué que souvent je cherchais à les éviter ! Merci pour cette belle citation qui colle parfaitement avec ce billet et de venir encore commenter sur mon blog !

@Niouk, Plus que la peur, c'est une forme de lassitude qui me vient à l'esprit face aux "rigidités" actuelles. Un haussement d'épaules et je passe à autre chose !

@Céline, oui nos peurs de parents sont nécessaires, elles nous aide à nous surpasser ! Plein de bonnes choses pour l'arrivée de cet enfant dans votre famille !

@Carole : pour l'arrivée de notre troisièe enfant, je me suis posé souvent la question : lorsque les sage-femmes accouchent, ont elles autant ou moins peur que la femme lambda qui accouche ??!!! Non pasque quand on est sage femme de l'adoption faut pas croire, les prises de tête sont aussi là !!

@anonyme : oui l'OAA pour laquelle je suis bénévole accepte des solos, des couples "âgés", des recomposés, des divorcés, des "avec enfants bios". Anne a parfaitement résumé mon impression sur le sujet lorsqu'elle parle de l'alchimie.

J'ai pris grand'plaisir à lire et répondre à vos messages, merci à tous, cette impresson d'avancer ensemble avec vous dans mes réflexions est une grande richesse

Mamaucy a dit…

Merci Moushette pour ce très beau message qui sonne et frappe juste. La peur, qui paralyse et rend frileux, mais qui décuple les forces parfois aussi, parce qu'elle conduit à se concentrer sur la prévention, sur les limites.
Chapeau pour le passage sur les solos et pour la réaction de Sylvie !
A bientot, bonne continuation.
Mamaucy, lectrice (le plus) souvent silencieuse du blog

Sylvaine a dit…

J'ai porté en moi la peur, celle qui vous paralyse et vous empêche de prendre des risques. J'avais ainsi construit une petite vie tranquille, presque heureuse, un joli cocon protégé de barreaux bien rassurants. Et puis un jour j'ai ouvert la porte, je suis allée au-devant de mes peurs,la trouille au ventre...et j'ai rencontré ma fille... Aujourd'hui j'ai peur oui, un peu plus chaque jour où je la vois grandir, aller au-devant du monde, mais cette peur-là est bien différente. Cette peur-là, je la change en force, pour ma fille...
Merci Moushette, merci mille fois...
Sylvaine

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