samedi 13 février 2016

Le vivre comme si c'était mon dernier.

Ce voyage, j'ai voulu le vivre comme si c'était mon dernier, profiter au maximum de l'Inde, de ma famille, de mes amis, me plonger dans ce pays, sa spiritualité, sa culture, sa folie, et surtout dépenser toute mon énergie à mes missions Edeusiennes qui me sont si chères.

Ce voyage serait différent des autres, car enfin, je pourrais visiter des orphelinats dans des petites ville reculées de régions de l'Inde. Enfin la campagne, qui pour moi reste l'Inde authentique, enfin loin des grandes villes, de leurs habitants urbains stressés et hautains, de leurs pollutions et embouteillages. Et enfin, grâce à un planning qui tombait plutôt bien je pourrais voyager en train entres ces petites villes, plutôt que de prendre des avions. Si tu veux voir l'Inde, prends le train, et si possible en general class, with the people. Ce fut le cas pour qqs uns de mes trajets, j'ai savouré, j'ai adoré malgré les galères.

L'Inde m'a beaucoup donné lors de ce voyage. Les amitiés naissantes depuis les derniers voyages se consolident en de liens solides, j'ai rencontré des gens fabuleux, nous avons partagé nos vies, on m'a beaucoup donné, j'ai beaucoup appris, j'ai été accueillie partout à bras ouverts, notamment dans les orphelinats où aucune autre foreign agency n'avait pris le courage de visiter. Côté perso, j'ai pu voir de mes yeux pour la première fois le Gange qui m'a suivi pendant un bout de mon voyage, j'ai savouré les quelques minutes arrachés à mon planning pour tourner autour du Howrah Bridge de Kolkata, j'ai savouré un magnifique spectacle de danse Odissi où une copine m'a invité un soir, j'ai été émue aux larmes en assistant cours particulier de chant classique d'un petit garçon de 8 ans qui m'a refait monter des souvenirs de ma tendre enfance associée à cette musique... Un ami très proche m'a enseigné des bases de Pranayama (exercices de respiration de yoga) dont je rêvais en France d'approfondir mes connaissances. J'ai reçu beaucoup d'aide de la part de mes hôtes et inconnus, une femme seule voyageant en Inde (dans des régions où personne ne parle l'anglais, pas toujours simple !!!), et franchement il fait bon voyager en tant que femme seule en Inde, à aucun moment je n'ai été importuné.

Et l'amour, l'amour... J'en ai tant reçu. De la part des enfants bien sûrs. Nos grands enfants qui trépignent d'impatience de partir et qui tremblent d'émotion en découvrant lettres, photos et cadeaux de leurs futures familles. A défaut de parents, ils déversent leur amour sur moi, et ce n'est que du pur bonheur...

Oui j'ai tant reçu de mon de beau pays, ce fut fabuleux. Je m'y sens si bien, trop bien, mieux... J'aimerais y être heureuse plus longtemps, mais je ne dois me contenter que des ces pincées de spices.


L'Inde m'a beaucoup donné, oui, et même un peu trop. En fin de voyage (ça a démarré bien évidemment dans le bureau du secretary de la CARA lors de ZEU meeting), j'ai commencé à développer des symptômes de grippe. Une grippe bizarre, un jour ça ne va pas du tout avec forte fièvre, le lendemain tout va bien. Je rentre en France le dimanche matin veille de la reprise scolaire, savoure mes retrouvailles, mais le soir la fièvre grimpe... Le lendemain le médecin passe me voir, je dois avoir une grippe. Et le soir... une irruption cutanée bizarre apparaît. Mardi matin, le médecin revient, l'éruption rouge a gagné du terrain, direction les urgences ! Je suis faible, fièvreuse, j'arrive à peine à marcher, je tousse beaucoup. Après moultes prises de sang, et de longues heures à attendre une décision, on m'envoie au service des maladies infectueuses où je serai hospitalisée pour une durée indéterminée ! Mon foie est fortement attaqué par la maladie, je ne peux prendre aucun médicament ni même de la paracétamol pour faire baisser la fièvre. On se contentera de blocs de glace pour cela... Les prises de sang s'enchaînent, les résultats sont tous négatifs sauf ceux qui sont plus longs.

Je gère ma solitude dans ma chambre d'hôtel. La même solitude lorsqu'on voyage seule en Inde loin des ses proches, mais à qqs kilomètres de chez soi. Les enfants à la maison sont choqués par la situation, inquiets de  me savoir à l'hopital après qqs heures de retrouvailles, se demandant si j'allais mourir ou non. Je prends à pleine mains mon stress et ma solitude, ma famille me manque encore plus qu'en Inde, mais le yoga et la méditation aident beaucoup. Olivier est le seul qui peut me visiter mais il est bien débordé par son travail, nos trois enfants, la rentrée scolaire... Les médecins et le personnel soignant eux viennent me visiter avec (en théorie !) avec gants, masques et tabliers, des consignes strictes sont sur ma porte, je suis la pestiférée de service ! J'ai peine à me regarder, j'évite les miroirs. Mon corps est défiguré par la perte de poids et l’impressionnante irruption cutanée généralisée. Un jour, lors d'une douche, j'ose enfin me regarder. J'ai un tel choc en me voyant que je manque de m'écrouler et les larmes coulent qqs instants. Auschwitz, vieillesse et mort, ai-je vu dans le miroir. Un corps décharné et âgé.

Dormir, un peu de yoga, dormir, un peu de nourriture. Pas de médicaments, mon foie est attaqué. Les médecins gèrent ma fièvre avec des blocs de glace.

Quelques jours plus tard, on sait enfin ce que j'ai, la rougeole. Et oui, je n'avais pas eu le rappel de mon de mon vaccin de la rougeole quand j'étais petite ! On l'a vu trop tard dans mon carnet de santé d'enfant. 

Quelques jours c'est la sortie, ou presque de l'hopital, je dois y retourner qqs jours après car mes yeux ont été attaqués eux aussi par la rougeole.

Il me faudra des semaines pour me remettre de la fatigue. Vivre ce voyage comme si ça avait été mon dernier ? Ca a presque bien failli.

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