Grâce à Olympe, je suis tombée sur une interview du psy Boris Cyrulnik évoquant l'adoption et des troubles d'attachements.
Il démarre son interview en disant que 80 % des enfants adoptés souffrent de ce qu'il appelle un "attachement évitant", c'est à dire en raccourci, qu'ils ont peur d'être aimés et rejettent l'amour de leurs parents. Au bout de 3 ans, plus que 30 % de ces enfants souffrent encore de ce trauma, alors que dans la population "générale" (non adoptée), le taux est de 20%.
Quelle précision dans les chiffres... Soit. Mais sur quelles études s'est il basé pour être aussi catégorique ? De quand datent elles, sur quels enfants adoptés (pays d'origine, age des enfants ???). Sur quels critères considère-t-il qu'un attachement est évitant ou non ? Je vais vous le dire franchement, bien que je trouve ses arguments intéressants, j'ai du mal à croire toutes ces paroles, n'ayant pas la base des arguments, les études sur lesquelles il se fie pour en conclure de pareils faits. Et moi je n'aime pas que l'on mette nos enfants dans une "case", qu'on leur colle une étiquette quasi systématique, que l'on construise ce genre de généralité sur leur dos, sans que je ne sache réellement pourquoi.
Mes deux enfants adoptés ont été des enfants "velcro" comme dirait si bien le Dr. Chicoine ; ils ont pris du temps à se sécuriser sur le fait que je ne disparaitrai du jour au lendemain, et avaient du mal à gérer les séparations physiques et morales avec ma personne. Pour compenser tout cela ils étaient très... velcro !Heureusement que les choses se sont atténué avec le temps, tout naturellement...
C'est un comportement que je constate bien plus souvent que le manque d'attachement, surtout chez les enfants adoptés à moins de 3 ans. Le prof. Cyrulnik considère-t-il les enfants velcro aux symptômes d'attachement "excessifs" comme partie de ces attachements "évitants", alors qu'il semble plutôt évoquer dans cet interview des d'attachements difficiles à se mettre en place?? Pourquoi observe-je dans mon entourage et dans mon travail de bénévole dans l'adoption aussi peu d'attachements "évitants" alors qu'il affirme que cela concerne 80% des enfants adoptés ?
Je constate en Inde et dans bien d'autres pays de l'AI que les enfants en orphelinat savent aimer malgré les abandons, les horreurs passés et la vie difficile en collectivité. Il y a bien évidemment le personnel bien présent dans les orphelinats qui joue le rôle du référent adulte, mais il y a ussi les relations avec les autres orphelins petits et grands dont l'amour fraternel prend souvent la place de celui des parents. Et il y la préparation des enfants à l'adoption, à leur vie à venir dans leur nouvelle famille et à cet amour exclusif qui va soudainement les envahir une fois adoptés. Les enfants ont donc "l'habitude" d'aimer et d'être aimés et savent qu'ils seront bientôt aimés de façon exclusive. Mais bien sûr cela n'empeche que certains enfants éprouvent des difficultés d'attachement avec les parents une fois adopté, car après les abandons à répétition (parents bios, familles d'accueil, déménagement dans plusieurs instituts, traumas, violences etc.) cela peut leur être difficile de refaire confiance à des adultes et de se "laisser aller" à l'amour. J'en connais plusieurs, je sais que cela n'a rien avoir avec les parents qu'on a vite fait d'accuser, et qu'il faut simplement laisser du temps, de l'espace, voire envisager un accompagnement psy de ces enfants qui ont bien des choses à gérer dans leur petite tête en si peu de temps... Mais ces cas sont rares et ne forment certainement pas une majorité écrasante. Alors lorsque j'entends ce professeur dire que cela concerne 80% des enfants adoptés, j'ai du mal à le croire...
Pour terminer son interview sur une note d'espoir, Pr. Cyrulnik nous parle de la plasticité d'amour : après le premier chagrin d'amour, à l'adolescence, les enfants apprendront à mieux aimer, yeah ! Voilà une bonne parole de réconfort pour les parents qui ont de pbs d'attachement avec leurs petits. Aller courage, plus qu'une quinzaine d'années de galère, une belle blonde qui desintégrera le coeur d'artichaud de votre fils, et après ca ira mieux !!!
Boris Cyrulnik nous parle de l’adoption et de l’attachement
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25 commentaires:
Pourquoi une blonde?
Pourquoi pas une brunette café au lait?
C pour rire... je vais de ce pas lire ledit article via Olympe!!
Chaque enfant est différent, comme chaque être... selon son vécu, son âge, son caractère, bref, ce qu'il est, il se comportera différemment vis à vis de l'amour. c'est comme pour les sondages, qui est sondé? combien? quel âge? quel sexe? à quelle classe il appartient? à quel moment de sa vie? ....
Tout ceci peut donner une idée, mais pas représenter la réalité des choses.
et oui pourquoi une blonde?
et puis justement, souvent on peut lire qu'à l'adolescence ces chagrins d'amour peuvent être très destructeurs selon l'enfant et son lien avec l'amour...
Alors ne généralisons pas tout..!
Dominique
Bin ouaih quoi d'abord pourquoi une blonde !! Et pq Boris ne fait-il pas une étude sur elles aussi, afin d'en mettre 80% dans une petite case....
Ben non il ne peut pas car il faudrait déjà qu'il fasse la différence entre les vraies et les fausses... et ça c'est trop compliquer, c'est déjà faire un tri!!!
Et Merci pour THE photo...
Dominique
Euhhh, et pourquoi pas une blonde, hein ?
Article très intéressant Moushette. Mes enfants aussi ont été très velcros, et il leur reste une tendance (un peu). Mais ils sont joyeux, marrants, intelligents, beaux comme des Dieux, et calinous comme c'est pas possible. Franchement, c'est que du bonheur !!
Ca fait longtemps que je ne suis pas venue, je vais lire mon retard ;-)
Pourquoi une blonde???
Tu n'as pas parlé de la jolie prof de cette année!! Il en est amoureux ton garçon?
Très bon billet, j'adhère.
Dommage, l'article chez Olympe n'est pas accessible ce matin en tout cas!
Moi, je suis complètement en phase avec ce qu'il dit dans la vidéo le prof Boris, quand il parle d'apprivoisement, de besoin et de peur (raidissement), d'apprendre à aimer...C'est tellement ce que je capte chez notre petite puce!
Au-delà des chiffres et des cases, je trouve son discours positif (après 3 ans, 30% comparés aux 20% de la population générale).
Et cette notion de plasticité (résilience) me plaît toujours autant, elle est pleine d'espérance et de foi en l'homme.
Et puis il fait bien la différence entre une population et une histoire singulière, évidemment.
Donc, merci pour ce post!
Merci la Zeb ! Aucune envie d'en parler, rien de tres passionant pr ce blog. Et pis maintenant que ton blog est privé, c'est moi qui risque le plus la convocation !! (menfin cette menace ne m'auto-censurera pas, t'inkiete...)
Anne, l'article est dispo version vidéo dans mes commentaires sur son article à elle.
Oui je suis bien d'acc' sur ta remarque sur la façon dont il décrit ces enfants "raides" au départ et qui s'apprivoisent avec le temps. Tout comme ce qu'il dit pour la résilience. Il décrit bien les phénomènes. Sa réponse concernant le premier chagrin d'amour donne plein d'espoir à la mère qui l'interviewe et dont l'enfant est ado et répond pil poil à ses espérances, mais je trouve cette remarque assez réductrice et décourageante pour le reste de la populace ! T'imagines, tu viens d'adopter un petit garçon de deux ans en pleine rébellion, t'en peux plus, tas hate que ca se calme, et tu entends un psy dire que ça ira mieux d'ici 16 ans ??!!!
En fait à la reflexion, je trouve que ses remarques sont très pertinentes dans le cadre d'une consult privée ou il répond aux interrogations de cette mère, mais qu'il est difficile des les généraliser dans un article de psycho. Une fois de plus on risque de mettre tous les enfants dans le même sac, je trouve cela navrant, et moi ce qui me gene le plus ce sont ces 80 % qu'il sort d'on ne sait ou. D'ailleurs je ne sais pas du tout quel recul il a sur la populace adoptée ! En a-t-il bcp dans ses consults ? Qq'un le sait-il ?
Menfin comme tu dis anne, article intéressant car il suscite le débat et la reflexion, c'est pour cela que je l'ai mis dans mon blog, sans hésitation !
Excellente semaine à tous, ravie de voir que cet article remonte un peu le nivo du blog (merci Olympe !).
Je pense que Boris.C donne des chiffres pour résumé la situation le temps de cette Interwiew, même si l'adoption ou tout autre situation délicate et complexe supportent mal les raccourcis c'est certain...
Je me souviens bien de mes premiers chagrins d'Amour (snif;nif..) et je pense qu'effectivement ils ont pu participé à ma construction affective en me permettant d'intégrer la reconstruction après un sentiment de "désamour" et de désespoir... De là à le comparer aux sentiments d'un enfant adopté qui souffrirait d'attachement et qui retrouverait "les moyens techniques" de comprendre à nouveau comment fonctionne l'Amour, c'est très audacieux...
La vie apprend la vie, on le sait, mais comparer ces 2 événements affectifs, même si l'un à forcément un impact sur l'autre, ne serait pas venu à mon esprit de Brune... :-)
Ah oui...! Je coche 5 Étoiles... Pour la photo!!!! :-)
... Et la plasticité des sentiments dont il parle, dépendra sûrement de la "souplesse" naturelle de chacun, un peu comme un édifice bénéficiant d'une marge de tangage résistera mieux à un tremblement de terre...
C'est une image qui m'est venue en me brossant les dents... C'est pourquoi elle vient en second temps...
En tout cas, audacieux mais intéressant; Bonne journée!
Coucou,
c'est d'attachement "évitant" qu'il parle, Cyrulnik...complétement d'accord avec ton billet / commentaire, Moushette. J'ai les mêmes critiques sur le concept" de résilience qui tend à faire croire que tout enfant peut se sortir de n'importe quelle situation catastrophique...ça plait beaucoup parce que ça laisse à penser que tout est réparable, bref.. ce n'est pas la question, mais, à trop vouloir vulgariser, B. Cyrulnik (peut être à son corps défendant) véhicule parfois des idées un peut rop simplistes..
Bon lundi !
Hélène
LN, aaaaaaah "évitant", ah je me disais bien que "évident" ne collait pas au contexte, lol !!
Carole, moi je dirais plutot qu'on demande à nos enfants de faire le grand écart lorsqu'il s'agit de quitter leur milieu habituel et pays d'origine pour se faire adopter "ailleurs". Certains enfants réussissent cet exploit du premier coup, surement grâce à l'effet d'hypnose que leur fait leurs parents. Ca reste pour moi toujours un sujet d'émerveillement de voir ces enfants s'adapter aussi vite et bien... D'autres ont été "raidis" par le temps et les epreuves et on besoin de temps et d'espace pour s'assouplir de nouveau, ou bien malheureusement pour qqs cas que je constate rares, ils n'y arriveront jamais tout à fait ...
(et c'est ce que je me dis pour moi, à toutes mes séances de stretching à la gym, lorsque je constate que je suis toujours aussi raide qu'un piquet. ouaih on est tro tro poétiques ce lundi matin, comparer le stretching à l'adoption, j'aurais du faire powete comme metier !!! Pff c malin, maintenant à chaque fois que je vais faire du stretching, vais penser adoption !!!!).
Un dossier intéressant à propos du concept "résilience" sur
Psychasoc, Collectifs d'auteurs, Joseph Rouzel.
il n'a jamais dit que la résilience c'est le remède miracle qui marche à tous les coups et qui fait que la vie est toujours belle et rose, le dr!!!
un des exemples qu'il raconte dans "le murmure des fantômes", c'est celui de Marylin qui a mal fini!
il a juste observé que parfois, malgré des traumatismes profonds, on peut trouver un chemin de guérison, et ce serait quand même dommage de nier cette observation!
Moushette, je pense que "capacités d'adaptation" et "construction de l'attachement" sont deux choses différentes, non?
merci pour "l'évitant", ça me paraissait aussi bizarre cet "évident"!
Zench, merci pr le lien !
Oui Anne, bien d'acc avec toi sur le fait que ces deux choses sont différentes, tu as raison de relever. J'ai englobé les deux dans un "adaptation" : le matériel(la nouvelle vie) et l'affect.
Cette nuance est intéressante car effectivement je réalise que certains enfants sont plus rapides en affect mais bcp plus lent en adaptation (la bouffe surtout la viande, dormir sur un lit et non par terre, accepter le nouvel équilibre dans la fratrie adoptive, le langage, certains vetements genre les chaussures etc.).
Menfin pour moi la rapidité ou l'ordre des étapes d'adaptation (dans le sens général ;-) ) ne veut rien dire !
Et pis bon c'est comme les tous petits et leurs apprentissages langage, propreté, motricité et l'éducation à la baronne de Rotschild : on ne peut pas tout faire en même temps, non mais zut alors, foutez leur la paix !!
très bonne comparaison avec les petits qui ne font effectivement pas tout en même temps (les miens ont tout fait tard : propreté, parler, marcher...je me demande bien ce qu'ils ont fait tôt à la place, lol! ah si : affirmer leur caractère...)
Je suis d'accord avec ce que tu dis Anne concernant cet article mais c'est le côté "chiffre" qui me gêne ; il ne faut pas généraliser et dans le cas de l'adoption chaque enfant le vivra différemment, chaque famille aussi...
Et oui très bonne comparaison Moushette, le principal étant qu'ils soient bien dans leur coeur, corps et âme, en avançant à leur rythme.
merci pour ces post qui appellent à réflexion et échanges.
Dominique
ah je vois qu'ici aussi ça discute. Cyrulnik m'a rapporté une belle polémique et même des raéliens qui sont venus commenter
oui j'ai vu ta raelienne, et j'ai piqué un sacré fou rire !!! y en a eu d'autres depuis ? je fonce lire !
je crois que je ne suis pas prete de m'arreter de te chambrer avec tes lecteurs raeliens !!! c'est trop la classe d'avoir des lecteurs raeliens !!
Deux réflexions :
Cyrulnik tombe dans un travers très français qui consiste pour appuyer un propos à citer systématiquement des chiffres pour faire plus sérieux, pour être écouté...
Coté adoption il me semble que le changement de pays, de continents doit être difficile...
Vous pouvez écouter M. Cyrulnik sur France Inter le 29 sept dans l'émission de Pascale Clark, les matinales de France Inter, "Comme on nous parle"
Cela donnera peut être l'occasion de partager d'autres commentaires.
Sabrina
Polluxe, 1. merci pr l'info sur sa "stratégie des chiffres" ! 2. tu serais sidérée de voir à quelle vitesse certains gamins "absorbent" leur nouvelle famille, langage, continent, nourriture etc. Surtout les grands, ils ont une telle motivation à recroquer la vie. Je ne m'en lasse pas, et pour moi c'est un magnifique symbole d'optimisme en la nature humaine.
Merci Sabrina pour l'info !
oui, Anne, mais pour travailler avec des enseignants spécialisés, je peux te dire qu'après avoir lu Cyrulnik ils sont pas loin de penser que l'histoire du vilain petit canard est vraie : que tout enfant qui part avec un handicap aura un destin fabuleux (comme Marylin....). Ce que je trouve très embêtant et bien loin de la réalité vraie...
Hélène
Juste un mot pour dire que j'ai commenté ton mot sur mon blog... Désolé de ne pas avoir vu que tu avais déjà commenté la même vidéo sur l'attachement "évident"...lol... J'ai fait exactement la même boulette dans la rédaction initiale de mon billet !
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