samedi 6 février 2010
Une poutre réelle et un extra-terrestre virtuel.
Aaaaaaah... Le réel et le virtuel, mon éternelle dualité. Ma vie est bien coupée en deux, et je franchis allégremment cette frontière plusieurs fois par jour. Suzanne devient Moushette, Suzanne range Moushette dans le clavier, et de temps en temps je suis un peu des deux en même temps !
J'avais déjà parlé de ma préférence du réel sur ce blog, mais depuis peu je nuance un peu mes propos. Les virtuels me touchent de plus en plus souvent, bien plus que certains réels finalement bien loin de mes préoccupations.
Par exemple, j'ai été touchée par les commentaires solidaires sur ce blog, lorsque l'anonyme de 15h27 a attaqué à l'aveuglette ma petite personne. Je me sens un peu appréciée et protégée, c'est cool, merci encore à tous !
Et puis d'autres fois, un simple clic m'ouvre un mail virtuel, et il me console bien plus qu'un câlin tant les mots sont justes. Un autre clic peut me faire rougir de plaisir, un autre peut me faire éclater de rire à la fin d'une journée morose ou bien me rebooster les batteries lorsque je sens que la fatigue prend le dessus de la caféine. Et les delires virtuels avec mes copines de gym sur FB, alors qu'on va se voir dans 5 minutes ou qu'on vient à peine de se quitter, ça a le don de me mettre la patate ! Finalement le virtuel, ça peut être pas mal, voire carémment bien, mais est ce que ça peut-être mieux que le réel ?
Il y a bien eu cette journée où j'ai commencé par tomber amoureuse d'une poutre. Une poutre bien réelle avec une longue histoire car elle date du 17eme siecle. Toute tordue, car elle a été à peine taillée et gardait la forme du tronc de l'arbre qu'elle était il y a 300 ans. Cette poutre est la pièce maitresse d'un séjour cathédrale, et accompagne à merveille une charpente monumentale, les pierres blanches des murs, la sol en pierre de bourgogne, les grands espaces qu'elle délimite. Cette poutre m'a volé mon âme, malgré le layout incompatible du reste de cette ferme avec ma famille, les travaux, l'environnement qui ne fait pas l'unanimité. Elle ne fera sans doute pas partie de ma vie, mais au moins je sais que les ondes qu'elle m'a envoyé lors de notre visite m'ont enraciné dans la réalité authentique de cette maison possédant une âme.... Difficile pour moi de tourner la page sur pareille bâtisse, cette poutre m'a ensorcellée...
Le même jour, Mister Moush et moi avons chaussé des lunettes hideuses et nous nous sommes plongés dans le monde virtuel d'Avatar. Comme tous les spectateurs, nous avons rapidement oublié que nous étions sur terre dans un cinoche bondé de la capitale, et avons avalé les 3 heures de vie virtuelle dans les étoiles sans en perdre une miette en en savourant toutes les sensations de ce film magique. En ressortant de là, j'ai réfléchi à ses trois heures pdt lesquelles le dépaysement était total et spectaculaire... L'ère de Matrix se rapprocherait-elle de nous à grands pas ? Dorénavant passerons nous nos vacances dans un cinoche plutot que de voyager ?
Mais au bout du compte de ces trois heures d'éclat', ai-je vraiment autant vibré que pour un film classique ? Non, je ne crois pas, mon coeur d'artichaud pas trop accroché lors des baisers fougueux des héros virtuels, je n'ai pas eu de pitié lorsque les avatarois se sont fait massacrés, même pour les femmes et les enfants. Le virtuel n'a pas réussi à restituer les même émotions que le réel avec des acteurs en chair et en os (et humains !). Heureusement. Mais malgré tout j'ai passé un excellent moment et j'ai adoré ce film.
Vendredi, je n'avais pas de lunette hideuses sur le nez (que les miennes !!!). L'écran n'était pas aussi grand. J'avais le plaisir d'être accompagnée de Miss O qui m'a fourni les kleenex pour sécher mes yeux humides (sans mascara, bravo virginie ;-) ) et avec qui j'ai passé un très bon moment ! Nous étions à Bobigny chez les Ziva (car le film ne passe presque plus à Paris !) voir "Une vie toute neuve" sur un ptit écran dans une ptite salle au 3/4 vide.
Quelle claque ! Un film 100% authentique, très bien tourné, subtil, qui aborde à la perfection l'abandon, la vie en orphelinat, la "digestion" de l'abandon, le passage vers l'adoption. Je n'avais rien vu de tel sur l'adoption, ce film m'a bouleversé, ma réouvert quantités de plaies mal cicatricisées de mon expérience perso et qui sans doute ne se refermeront jamais complètement.
Je n'ai rien appris dans ce film, mais il exprimait tellement bien des choses que je ressens, que je côtoie au quotidien en Inde, et dont je suis témoin ici et là bas via nos enfants. A chaque nouvelle scène du film, j'ai pensé à un de nos enfants. Aucune erreur dans ce film, que du vrai évoqué avec une magnifique pudeur et subtilité. Il aborde des thèmes "moins cliché" qui me sont chers tel que ces fortes amitiés fraternelles dans les orphelinats, la souffrance du personnel lorsqu'un enfant part, le désespoir ou le paradoxe des grands qui ne se font pas adopter, ces saignements que l'enfant veut cacher, les danses de séduction de certaines grandes....
C'est un must à voir pour TOUS les professionels de l'adoption, surtout ceux qui auraient des préjugés et des réticences sur l'adoption des grands............................. Et bien sûr je le conseille vivement à tout les parents adoptants, surtout ceux qui adoptent des grands.
J'ai pleuré pendant ce film, oui bien sûr, mais surtout après dans la voiture, sur le chemin de retour. Un cri qui ne me quittera jamais résonnait dans les oreilles. J'en avais parlé il y a longtemps sur ce blog, et j'ai encore envie de vous le partager tant il me marque. C'est le cri le plus insupportable que j'ai jamais entendu. Pourtant j'en ai entendu brailler des gosses, pendant mes 40 années de vie... Il s'agissait d'un garçon d'environ 8 ans arrivé fraichement à l'orphelinat. Il hurlait son désespoir d'avoir été abandonné par sa famille. Arrachez lui un oeil, le cri qu'il aurait émis aurait été doux à mes oreilles à côté de celui-ci. Je n'ai jamais rien entendu de pire. La réaction de copains d'orphelinat qui étaient à côté sans rien dire comme s'ils lui disaient en silence "je sais ce que tu ressens, je l'ai vécu, courage ça passera." Quant au personnel de l'orpheu, il ne bronchait pas, en me disant "ça lui passera". De toutes façons, comment peut on consoler un enfant de l'inconsolable ? Faut que ça sorte, vaut mieux que ça sorte...
Je n'ai pas su immédiatement la raison de ces pleurs, et je peux vous assurer que même avant de savoir, ces cris m'arrachaient les coeur, les boyaux. Il me hante encore et souvent la nuit, je me réveille d'un affreux cauchemard où ce sont mes enfants qui pleurent ainsi.
Mais revenons à ce film. Une phrase que j'ai récemment entendu dans la bouche d'un professionel est revenu sans cesse dans ma tête. Celui d'un professionnel de l'adoption qui a utilisé cette expression que j'exécre car elle est utilisée à toutes les sauces par moultes intervenants dans l'adoption qui veulent se la jouer cool.
Vous voyez ce que c'est ? Cela fera l'objet d'un autre billet tant ce thème m'agace fortement....
Virtuel, réel, réel, virtuel, eternel zapping de ma vie... Etait-ce inévitable de la part de la petite fille que j'étais qui compenseait ses solitudes par une imagination débordante, qui a toujours rêvé à des amours inaccessibles, et qui le continue encore malgré les années qui passent et la vie bien remplie ?
Vive le virtuel avec sa douceur et sa perfection imaginaire, et le réel avec son âme et ses défauts troublants ...
(la poutre dont je vous parle est tout en haut de la charpente, on ne la voit pas sur la photo, mais malgré tout vous comprendrez mieux les raisons de ce coup de foudre impossible...)
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9 commentaires:
Je vais essayer d'aller voir ce film mais dommage qu'il n'ait pas sa place dans toutes les salles et que les séances soient limitées.Il ne passe pas au kinépolis mais dans des petites salles.
Quand à Avatar, c'est autre chose.Ce film m'a embarqué par la magie des décors, des couleurs,des effets spéciaux mais il est vrai que cela reste de la science-fiction ou il y a peu de place pour laisser libre-cours à nos sentiments.Les genres sont différe
nts.
Sylvette
J'irai certainement voir le film Une vie toute neuve réalisé par Ounie Lecomte
je ne me suis jamais autant retrouvé que dans tes lignes, aujourd'hui....voilà quelques temps que je te lis et voilà que ce soir, alors que je lis tes mots, ils raisonent en moi avec une violence ...merci pour les avoir écrits
réel, virtuel, rêves, cris....je suis en plein dedant...
"Une vie toute neuve" est passé ici( c'était pas gagné!) la semaine dernière, je m'y suis précipitée et y ai traîné mon homme (qui n'aime pas le cinéma....)
Nous avons eu deux réactions différentes sur le coup mais un même ressenti au final.
B. l'a pris de plein fouet, douloureusement, violemment (mais il ne savait pas trop ce qu'il allait voir) et moi j'étais comme anesthésiée et c'est après dans le calme de mon chez moi, que j'ai pu "digérer" ce film profondément bouleversant.
A des milliers de kilomètres d'ici, une fillette de 9 ans, brune à la peau caramel et aux yeux noirs a certainement dû vivre de pareils moments, ces petites coréennes devenaient pour nous de petites indiennes dans un orphelinat du Punjab....
Pourvu qu'elle nous autorise à être ses parents...
Isabelle
J"ai trouvé le scénario d'Avatars assez convenu (OK, les effets spéciaux géniaux)..., pas vu une vie toute neuve (mais c'est sûr en DVD dès qu'il sortira), mais j'ai beaucoup aimé Invictus : super bien joué et réalisé, et quel beau portrait de Mandela!
Aucune envie de voir Avatar mais pour "Une vie toute neuve", si je pouvais j'y courrais et à défaut je me commande le DVD dès qu'il sort (car je n'ai pas l'impression que le film soit diffusé en Italie ??).
Bises
Virginie, maman d'Anaïs
Une salle vide (4 personnes) mais des larmes qui coulent... Oui, ce film est tellement juste.
Gwendoline
A propos d'Avatar et de lien entre le virtuel et le réel, as-tu entendu parler de cette histoire ?
http://malaysianmirror.com/homedetail/45-home/29548-dongria-plight-appeal-to-avatar-director
très intéressant effectivement patraque, merci !
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